60 millions de Français fichés : l’indignation de la secrétaire d’Etat Axelle Lemaire

Alors qu’un méga-fichier va fusionner les données des détenteurs de carte d’identité et de passeport, la secrétaire d’Etat au Numérique critique son propre gouvernement en dénonçant le décret pris en douce en ce sens par le ministère de l’Intérieur, « un dysfonctionnement majeur »…

Il s’appelle le fichier TES, pour « titres électroniques sécurisés », et si vous avez plus de 12 ans et que vous détenez une carte d’identité ou un passeport, vous n’y échapperez pas. Couleur des yeux, photo du visage, empreintes digitales, coordonnées : cette base de données géante regroupera les données personnelles d’environ 60 millions de Français. Problème : sa création a été actée par un décret pris en catimini par le gouvernement le 30 novembre, en plein pont de la Toussaint…

De quoi alarmer les défenseurs des libertés publiques, mais aussi jusque dans les rangs de l’exécutif. La secrétaire d’Etat au Numérique et à l’Innovation Axelle Lemaire, qui affirme n’avoir pas été consultée en amont, en est ainsi réduite à confier ses inquiétudes au journal l’Opinion, qui publie ses propos ce lundi 7 novembre : « Ce décret a été pris en douce par le ministère de l’Intérieur, un dimanche de la Toussaint, en pensant que ça passerait ni vu ni connu. C’est un dysfonctionnement majeur. »

« Que croyez-vous que je pèse ? »

Pour Axelle Lemaire, ce méga-fichier est « l’œuvre de la technostructure : l’administration a son propre agenda, elle se contrefiche du moment politique ». Reste que sa création a été défendue la semaine dernière par le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, et le garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas. Le même Urvoas qui, à la fin du quinquennat Sarkozy en 2012, avait ferraillé contre la création d’un fichier très similaire par la droite, surnommé le « fichier des honnêtes gens », finalement retoqué par le Conseil constitutionnel…

Quant à Axelle Lemaire, elle s’avoue impuissante à remettre en cause cette décision, comme elle le confie à l’Opinion : « Je vais en parler au Président, mais que croyez-vous que je pèse, face au ministre de l’Intérieur, au Garde des sceaux et au Premier ministre ?… » Au moins la secrétaire d’Etat a-t-elle protesté, au risque d’un recadrage.

 

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