Homophobie : Christine Boutin condamnée, LMPT dédouanée

La justice française estime que qualifier l’homosexualité d' »abomination », comme l’a fait Christine Boutin, est une « provocation publique à la haine ou à la violence ». Mais que multiplier les manifestations hostiles à l’égalité entre les homosexuels et les hétérosexuels, comme le fait LMPT, ne constitue pas un rejet de l’homosexualité.

Curieuse coïncidence de l’actualité, ce mercredi 2 novembre. Dans la même journée, la cour d’appel de Paris a confirmé la condamnation de l’ex-présidente du Parti chrétien-démocrate, Christine Boutin, à 5.000 euros d’amende pour avoir dit que « l’homosexualité est une abomination », tout en condamnant par ailleurs la présidente d’Act Up à 800 euros d’amende pour injure à l’encontre de la Manif pour tous, pour avoir placardé des affiches portant le logo de l’association opposée au mariage homosexuel barrées de l’inscription « homophobes ».

Christine Boutin avait déjà été condamnée à la même peine le 18 décembre 2015 par le tribunal correctionnel de Paris au motif de « provocation publique à la haine ou à la violence ». Elle avait fait appel. La cour a également confirmé la condamnation de l’ancienne ministre à verser 2.000 euros de dommages et intérêts aux associations « Mousse » et « Le refuge » qui s’étaient constituées parties civiles. Elle a accordé la même somme à l’association Inter-LGBT, en validant sa constitution de partie civile, jugée irrecevable en première instance.

« Une opinion »

Dans un entretien au magazine Charles paru en avril 2014 sous le titre « Je suis une pécheresse », Christine Boutin affirmait : « L’homosexualité est une abomination. Mais pas la personne. Le péché n’est jamais acceptable, mais le pécheur est toujours pardonné ». « Ce que l’on entend dans vos propos, c’est que les homosexuels sont une abomination », avait résumé le procureur, indiquant que le parquet avait reçu 500 plaintes de particuliers outrés après sa déclaration. Lors des débats, l’ex-ministre du Logement avait expliqué avoir « hésité à répondre à cette question qui faisait référence à une citation de l’Ancien et du Nouveau testament » avant de se dire que c’était « une occasion de clarifier (sa) pensée ». L’avocat de l’ex-ministre avait plaidé la relaxe, estimant que sa cliente était jugée pour « une opinion ».

D’une autre « opinion », il était aussi question dans l’affaire opposant la présidente d’Act Up, Laure Pora, à la Manif pour tous (LMPT). Lors d’une action le 4 août 2013, des militants de l’association avaient notamment placardé des affichettes portant le logo de LMPT barrées de la mention « homophobes » sur la façade de la fondation Jérôme-Lejeune (qui soutient notamment la lutte contre l’avortement), dont la présidente de l’association anti-mariage pour tous Ludovine de la Rochère était salariée. En première instance, la plainte de la Manif pour tous avait été jugée irrecevable pour un problème de procédure. La cour d’appel de Paris a eu une appréciation différente et a condamné la présidente d’Act Up, outre l’amende, à verser à LMPT 800 euros de dommages et intérêts et 1.500 euros pour les frais de justice.

Conclusion : la justice française estime que qualifier l’homosexualité d’« abomination » est une « provocation publique à la haine ou à la violence ». Mais qu’en revanche, multiplier les manifestations hostiles à l’égalité entre les homosexuels et les hétérosexuels ne constitue pas un « rejet de l’homosexualité, une hostilité systématique à l’égard des homosexuels » (définition de l’homophobie selon le Larousse). Dire le contraire c’est injurier. Christine Boutin et Ludovine de la Rochère peuvent donc continuer à marcher main dans la main contre les droits des LGBT… mais c’est la seconde qui tiendra le porte-voix.

Powered by WPeMatico

This Post Has 0 Comments

Leave A Reply