Pourquoi le ralliement de Pécresse à Juppé n’est pas une surprise

Nicolas Sarkozy lui avait promis le parti, le maire de Bordeaux pourrait faire de Valérie Pécresse… la deuxième femme de la Ve République au poste de Premier ministre.

Sale coup pour Nicolas Sarkozy. Valérie Pécresse, patronne de la région Ile-de-France, l’une des derniers élus à ne pas s’être prononcée pour la primaire de la droite et du centre, vient d’annoncer dans une interview au Figaro son soutien à son principal concurrent, Alain Juppé. Sale coup, mais surtout sale timing, un jour avant le second débat entre les sept adversaires pour la compétition des 20 et des 27 novembre.

L’ancien Président n’avait que peu de chances d’attirer dans ses rets son ancienne ministre. A sa manière, mezzo voce, Valérie Pécresse avait formulé de nombreuses critiques sur le quinquennat passé. Dans son livre, Voulez-vous vraiment sortir de la crise (Albin Michel), publié en 2013, l’ancienne ministre du Budget regrettait en particulier la timidité des réformes engagées sous Sarkozy. « Nous avons manqué de courage et d’audace », affirmait-elle, pointant la non-abrogation des 35 heures, mais aussi la loi Tepa portant notamment sur la défiscalisation des heures supplémentaires, « un boulet » qui avait rendu « la politique fiscale illisible ». Elle déplorait enfin que Nicolas Sarkozy et son équipe aient « dosé, négocié et reculé ». « Peur du chaos ? Tout au long du quinquennat, Nicolas Sarkozy avait été rongé sans l’avouer par cette crainte », ajoutait-elle.

En 2012, lors de la campagne pour la présidence de l’UMP, Valérie Pécresse avait été logiquement l’un des fervents soutiens de son ancien Premier ministre François Fillon. Elle avait ensuite pris de la distance et s’était consacrée à l’Ile-de-France qu’elle convoitait depuis 2010, enfin conquise en décembre 2015, au nez et à la barbe de Claude Bartolone, pourtant président de l’Assemblée nationale. Les fillonistes espéraient encore pouvoir la rattraper, qu’elle s’affiche à leurs côtés, même dans une position d’attente.

L’appel du pied de Juppé

Mais voilà, aujourd’hui, le duopole Sarkozy-Juppé est bien installé. Et Fillon semble au mieux promis à un rôle de troisième homme. Si l’ancienne ministre du Budget reconnaît que le député de Paris a « l’étoffe d’un homme d’Etat », elle acte déjà sa défaite dans Le Figaro. « Je pense que le score entre les deux favoris va être serré et qu’il faut faire un choix clair dès le premier tour de la primaire » car, explique-t-elle, « l’enjeu est maximum ». « Valérie voulait faire un choix pour le premier et le second tour », plaide l’un de ses proches.  

Ces dernières semaines, Valérie Pécresse mûrissait sa décision et il devenait de plus en plus évident qu’elle allait rallier le maire de Bordeaux. A propos de Nicolas Sarkozy, elle confiait en privé sa « fatigue », prenant exemple de la volte-face de l’ex de l’Elysée sur le réchauffement climatique. « Il faut être arrogant comme l’Homme pour penser que c’est nous qui avons changé le climat », avait-il déclaré devant un cercle de patron, sous les yeux de Marianne. Mais surtout, la chiraquienne passait son temps à plaider pour un « nouveau partage des pouvoirs ». Cela tombe bien, à ses yeux, le girondin Juppé, favori des sondages, est « le plus décentralisateur ».

Dans les colonnes du JDD Alain Juppé, qui la connaît mal, lui avait adressé un vigoureux appel du pied en expliquant qu’il pourrait nommer – « pourquoi pas ? » – une femme au poste de Premier ministre… Nicolas Sarkozy ne lui avait promis, lui, que la tête du parti. Si jamais le maire de Bordeaux l’emportait, Valérie Pécresse, femme la plus puissante de la droite à la tête d’une région-clé pour la primaire, prendrait une sérieuse option pour Matignon. Et ce n’est pas non plus étranger à son choix.

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