Le premier ministre turc a promis ce 1er novembre un rétablissement « limité » de la peine de mort « s’il y a un consensus entre les partis », confirmant ainsi les propos d’Erdogan. Dans le même temps, la droite nationaliste turque s’est dit tout à fait prête à voter une telle mesure… apportant le nombre de voix nécessaires pour convoquer un référendum.
L’idée revient régulièrement depuis le putsch manqué du 15 juillet. Evoquant le rétablissement de la peine capitale, le Premier ministre turc, Binali Yildirim, a déclaré dans un discours à Ankara ce 1er novembre : « S’il y a un consensus entre les partis, une (mesure) limitée est possible« . Sans apporter davantage de précisions sur le sujet ni sur le calendrier.
Dès le surlendemain du putsch manqué, le président Erdogan évoquait son rétablissement devant une foule de sympathisants : « Je pense que notre gouvernement va en discuter avec l’opposition et qu’une décision sera sans aucun doute prise. » Rebelote le 7 août lorsque une centaine de milliers de personnes se sont réunies à Istanbul, attisées par Erdogan, pour manifester contre le putsch. Devant des sympathisants scandant « peine de mort !« , Erdogan lance :
« Si le peuple veut la peine de mort, les partis suivront sa volonté. »
Le même a poursuivi dans ses intentions ce samedi lors de l’inauguration d’une gare dans la capitale turque, en réponse à la foule qui criait « nous voulons la peine de mort » pour les auteurs du coup d’Etat manqué:
« C’est pour bientôt, si Dieu le veut. Notre gouvernement soumettra cela au Parlement. Et je suis convaincu que le Parlement l’approuvera et, quand cela arrivera devant moi, je le ratifierai. »
Son Premier ministre n’a donc fait que prendre le relai ce 1er novembre, revenant sur une mesure abolie en 2004 dans le cadre de la candidature de la Turquie à l’entrée dans l’Union européenne. Sa réintroduction mettrait fin à tout processus d’intégration, a déjà prévenu Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, dès les premières velléités turques en juillet : « Un pays qui dispose dans son arsenal législatif de la peine de mort n’a pas sa place au sein de l’Union européenne. »
Peu importe pour Erdogan qui se fiche pas mal des menaces de l’Europe : « L’Occident dit ceci, l’Occident dit cela. Excusez-moi, mais ce qui compte, ce n’est pas ce que dit l’Occident, c’est ce que dit mon peuple. » Le président a fait ses comptes : avec les 30 sièges de la droite nationaliste turque au Parlement – un parti qui s’est dit largement prêt à le soutenir dans sa volonté de rétablir la peine capitale – il disposerait de suffisamment de voix pour convoquer un référendum sur le sujet : il lui en faut 330 et son propre parti en a déjà 316. « Si l’AKP (d’Erdogan) est prêt, alors nous, nous sommes prêts depuis longtemps« , a même encouragé le leader de la droite nationaliste (MHP) ce mardi…
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