Clinton vs Trump : la campagne du déclin

Hillary Clinton et Donald Trump se sont livrés à un affrontement très bas de gamme qui laissera des cicatrices profondes. Dans une Amérique divisée qui se cherche des valeurs communes. Extrait de notre dossier spécial élections US, disponible dans un numéro double de « Marianne » en kiosques.

La cause est entendue, mais le « peuple » a- t-il été écouté ? Voilà une question inhérente au système de démocratie représentative que la 58e élection présidentielle américaine n’aura probablement pas réglée. Des doutes, il s’en ramassera à la pelle au terme d’une campagne que les grands médias américains se sont acharnés à démolir, se disputant les adjectifs les plus dépréciatifs, en particulier à l’occasion des trois débats ayant opposé le magnat de l’immobilier à l’ancienne secrétaire d’Etat de Barack Obama et ex-first lady.

« Les quatre-vingt-dix minutes les plus atroces de l’histoire politique moderne des Etats-Unis », commentera ainsi le site DailyBeast, à l’issue de la deuxième confrontation, sauvant tout de même Hillary Clinton de la débâcle, au nom de la raison, à moins que ce ne fût la raison d’Etat. Dans son ensemble, la presse française a relayé ces appréciations horrifiées, réduisant le plus souvent la dynamique même de la campagne à une « bataille entre les bien-pensants et les autres, les fameux déplorables », en somme « une lutte entre le bien et le mal », comme l’a écrit sur le blog qu’il tient depuis 2012 sur Marianne.net le journaliste et écrivain Stéphane Trano.

Or, bien sûr, comme il se doit dans un pays où les présidents jurent encore sur la Bible, à la fin le bien l’emporte…

« SANDWICH DE BALIVERNES »

Moins bigots qu’on ne le croit, nombre d’Américains ne se satisferont pas d’une aussi pieuse conclusion après avoir, d’une manière ou d’une autre, renversé la table à laquelle les deux grands partis ne les avaient pas véritablement invités. C’est évidemment le cas des républicains, qui ont abordé l’échéance avec la certitude de ne pouvoir la perdre et avec, dans les domaines de l’immigration, du contrôle des armes à feu ou de l’intervention de l’Etat fédéral, un programme de fer conçu comme une sorte de manifeste de rupture radicale avec les années Obama. Donald Trump, qui l’ignore encore, n’était pas prévu dans les agapes du Grand Old Party (GOP). Il ne le fréquentait qu’irrégulièrement et l’a d’ailleurs plusieurs fois délaissé au profit des démocrates – allant jusqu’à financer en 2008 la campagne pour l’investiture de son adversaire présente -, ou de l’ex-candidat à la présidence Ross Perot, aussi riche et atypique que lui.

A priori plutôt libéral en matière de mœurs, new-yorkais (une injure dans une bonne partie du pays), aussi dépourvu de titres universitaires ou militaires que George W. Bush mais sans l’onction d’un lobby puissant (en l’occurrence les pétroliers texans), doté de convictions flottantes mais d’un bagout débordant, celui que Gil Troy, un des meilleurs historiens de la présidentielle américaine, qualifie de  « sandwich de balivernes » aurait dû exploser en vol face aux maréchaux en titre de l’appareil républicain. Eux portaient l’héritage en bandoulière, tel Jeb Bush, ultime rejeton de la « grande famille », et pour certains, comme Ted Cruz, incarnaient jusqu’à l’extrême le virage à droite d’une formation où les Tea Parties ont pris l’ascendant sur la vieille aile centriste.

 

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>>> Retrouvez l’intégralité de notre dossier sur la présidentielle US dans le numéro double de Marianne en kiosques

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