Jean-Frédéric Poisson ou la tentation frontiste brimée

Invité ce matin de RTL, Jean-Frédéric Poisson, candidat à la primaire de la droite, a expliqué doctement qu’il pourrait voter pour Marine Le Pen en cas de duel de second tour avec François Hollande. Une déclaration qui vient s’ajouter à une longue liste très FN-friendly.

La transgression, c’est Poisson ! Dans la course à la primaire de la droite, le candidat issu du Parti chrétien-démocrate, Jean-Frédéric Poisson, aurait pu en faire son slogan de campagne. Tant le dauphin de Christine Boutin a multiplié les déclarations peu « républicano-compatibles » ces dernières semaines. Lui qui s’est fait remarquer par une prestation de bonne tenue lors du premier débat télévisé de la primaire, affirmant ses différences avec ses concurrents sur la laïcité, les services publics ou les syndicats, a montré un tout autre visage une fois les caméras éteintes. 

Dernier en date, ce 31 octobre sur RTL. Interrogé sur son vote en cas d’éventuel duel de second tour à la présidentielle entre Marine Le Pen et François Hollande, Jean-Frédéric Poisson est catégorique :

« Il est impossible pour moi de voter pour un président de la République sortant qui divulgue des secrets d’état dans un livre publié dans le cadre d’entretiens avec des journalistes. Un chef d’état qui met en danger nos agents des forces spéciales françaises n’est pas digne d’exercer cette fonction et donc il ne peut pas être question de le réélire ».

Voilà qui est clair. Ce qui l’est moins, c’est sur la teneur de son bulletin de vote dans cette hypothèse. Car de l’abstention, il pourrait se muer vers un vote Marine Le Pen :

« Ça dépendra de la manière dont elle fait évoluer son projet elle aussi. »

Relancé, il précise : « Dans l’état actuel des choses non, mais le redressement de la France implique de tels changements et de telles ruptures que si jamais Marine Le Pen changeait d’avis sur les choses que j’ai dites tout à l’heure, alors pourquoi pas ».

En début d’entretien il listait ses désaccords sur la préférence nationale, la peine de mort, la laïcité ou encore l’Europe.

Rétropédalages en série

Jean-Frédéric Poisson n’en est pas à sa première tentation frontiste. Le 20 octobre, dans les colonnes de Lyon People, le député des Yvelines lâchait au sujet d’un second tour Juppé/Le Pen :

« On verra. Plus je vois évoluer Alain Juppé, plus je me dis que le projet de société multiculturelle qui a mis la France par terre est décidément à côté de la plaque. Et puis il peut se passer beaucoup de choses en 6 mois. »

De quoi lui valoir une exclusion de la primaire en bonne et due forme, la charte, signée par les candidats, imposant de soutenir le candidat qui sera désigné au terme du scrutin. Poisson avait donc dû rétropédaler fissa, interrompu dans ses oeillades aux Front national. Un communiqué publié dans la foulée était censé rassurer son camp sur ses inclinaisons politiques : « Ce que veut dire le ‘on verra’ repris par des médias n’est en aucun cas de ma part la marque d’une quelconque hésitation qui m’inclinerait vers le projet de Marine Le Pen. J’y suis opposé et en ai déjà donné les raisons. » 

Mais la tentation FN ne s’arrête pas là. Le 12 décembre, Poisson devait également se retrouver au raout organisé par Robert Ménard, le maire de Bézier, autour des représentants de la droite « hors les murs ». Prévu au programme après avoir signé début septembre un « manifeste pour l’union des droites », le candidat de la primaire a encore dû annuler in extremis. Après ses déclarations sur les « lobbys sionistes » proches d’Hillary Clinton, Jean-Frédéric Poisson était à deux doigts de l’éviction. « Où va-t-on ? Je veux une clarification sur ce que sont les valeurs républicaines de la droite et du centre », avait notamment réagi Nathalie Kosciusko-Morizet qui concourre elle aussi à la primaire.

Une participation à la petite sauterie de Ménard chapotée par le Front national, aurait définitivement scellé son sort.

 

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