L’ancien ministre de la Justice du Gabon prétend détenir les preuves d’une fraude organisée par le camp d’Ali Bongo pour conserver le pouvoir à l’issue de l’élection présidentielle d’août 2016.
Les soupçons autour de la fraude ayant entaché la dernière élection présidentielle au Gabon se renforcent encore un peu plus. Au terme du scrutin à un seul tour organisé le 27 août 2016, le président sortant Ali Bongo était officiellement crédité de 50,66 % des voix, face à son concurrent Jean Bing dont les 48,23 % devaient être ramenés à 47,24 % par un surprenant tour de passe-passe constitutionnel. Bongo doit une fière chandelle à la province du Haut-Ogooué, fief de son clan, où la participation aurait été de 99,93% pour 95% des suffrages en sa faveur…
La fable du hacker ou la fraude des temps modernes
Deux mois après l’élection, c’est au tour de Séraphin Moundounga, ancien ministre de la Justice et vice-Premier ministre du Gabon désormais en fuite, de réfuter ces chiffres abracadabrantesques. Et d’apporter les preuves de la supercherie. Dans un entretien accordé au JDD ce dimanche, Séraphin Moundounga assure que « le peuple gabonais a choisi le candidat de l’opposition, Jean Ping ». Mais Ali Bongo aurait demandé à son ministre « d’indiquer à la télévision qu’un hacker ivoirien avait inversé les résultats en faveur de l’opposition lors de leur transmission de l’intérieur du pays vers la capitale, Libreville ».
Or, « la transmission ne se fait pas par voie électronique, explique l’ancien garde des Sceaux : les résultats sont recensés bureau de vote par bureau de vote, sur des procès- verbaux remplis manuellement sur papier. Ces PV sont donnés de la main à la main, jusqu’au siège de la Commission nationale électorale et de la Cour constitutionnelle. Il ne pouvait donc pas y avoir de piratage informatique ! »
En guise de preuves, Séraphin Moundounga avance les copies originales « papier » du PV de chaque bureau de vote du pays : « Je les ai aussi et je les ai numérisés. Les observateurs de l’Union européenne les détiennent également ». Sur la foi de ces documents, l’ex-ministre de la Justice parvient à un comptage très différent des résultats officiels : « Sur tout le territoire, Jean Ping l’a emporté avec 60 % des voix contre 38 % pour Ali Bongo et 2 % pour les autres candidats. Bongo a donc triché, conclut l’ancien membre du gouvernement Bongo, démissionnaire et actuellement en fuite en France. Il aurait fallu procéder à un comptage transparent devant les observateurs de l’Union européenne et de l’Union africaine. Jean Ping l’a accepté mais Ali Bongo a refusé… »
Escadrons de la mort, 100 à 200 disparusQualifiant Ali Bongo de « dictateur », Séraphin Moundounga en appelle désormais au Parlement européen et aux Nations unies pour sanctionner les agissements du président, reconduit pour sept ans, après avoir pris la suite de son père Omar en 2009. Dans un pays décrit comme « hautement militarisé » et « quadrillé par des escadrons de la mort » ne parlant qu’« arabe ou anglais », Ali Bongo serait « reclus dans le palais présidentiel depuis le 30 août, entouré par des chars assurant sa protection ». L’ancien garde des Sceaux évoque encore des dizaines d’habitants enlevés ou exécutés, et « 100 à 200 disparus » recensés. En attendant les réactions de Strasbourg et de l’ONU, les observateurs européens présents au cours de l’élection devraient rendre leur rapport avant la fin novembre. Selon le JDD, « il s’annonce critique pour Ali Bongo et leurs partisans ».
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