Les Écrans documentaires : le festival qui raconte le monde différemment

Du 2 au 9 novembre, le festival Les Écrans documentaires présentera pas moins de 54 films dont 11 en compétition. Il s’agit d’un des plus importants rendez-vous cinématographiques d’Ile-de-France. Une institution qui est toutefois en péril après la coupe nette des aides régionales allouées au cinéma et à l’audiovisuel…

Et si on sortait du cadre formaté des documentaires télévisés ? Le 2 novembre prochain, le festival Les Écrans documentaires ouvrira ses portes à l’espace Jean Vilar d’Arcueil. Il fêtera alors sa vingtième année d’existence. Porté depuis ses débuts par l’association « Son et Image », le festival est un rendez-vous incontournable du cinéma documentaire dans la région parisienne. Plusieurs programmations thématiques se succèderont pendant une semaine afin de varier les sujets et les approches cinématographiques. Une attention toute particulière sera portée au jeune public qui se verra consacré une section d’expérimentation à travers des documentaires tels que L’homme d’Aran de Robert Flaherty ou Giant de Salla Tykkä.

Cette année, onze documentaires seront en compétition dans la sélection « premier film ». Des productions à la durée variable et essentiellement réalisées par de jeunes vidéastes parfois encore à l’école. Cette sélection aspire à « donner des nouvelles du monde », pour reprendre la formule de Manuel Briot, le coordinateur du festival. « Des nouvelles parcellaires, mais à l’écart des boucles médiatiques, réductrices et amnésiques. » Pour Manuel Briot, c’est sans doute l’idée de « confinement » qui, « dans des périmètres et à des degrés d’urgence très variés », relie les films en compétition. Ainsi en va-t-il des ouvriers de Matière première qui, transportant du minerai au bord d’un train, voient leur trajet stoppé par la mer. Ou encore de ces jeunes banlieusards qui, dans Je suis Gong, tentent d’atténuer leur désœuvrement sur un site de rencontre. Tous les documentaires de la sélection « premier film » seront projetés en présence de leur réalisateur et seront l’occasion d’une discussion avec le public.

Un genre très différent des documentaires classiques

Parmi les différentes sections du festival, la thématique « écriture du réel » sera celle qui mettra le plus à contribution les spectateurs. Organisée en partenariat avec le musée d’art contemporain du Val-de-Marne, cette section invite des réalisateurs à revisiter leur travail ou à présenter un projet en cours de fabrication. Un premier temps sera consacré à la réalisatrice Isabelle Kordon, connue pour faire des œuvres très hybrides, au croisement du cinéma expérimental et de l’art contemporain. Deux de ses films seront projetés, puis la réalisatrice sera invitée à les disséquer sous forme d’ateliers avec le public. C’est ensuite Boris Nicot qui rencontrera les spectateurs pour décortiquer son dernier film qui est en cours de finalisation. Là aussi, le public pourra interagir avec le cinéaste par le truchement de divers ateliers.

D’autres sections thématiques seront également au programme, telles que « Astral week », « My country is cinema » ou encore « Hors les murs ». Ici, l’idée centrale est de promouvoir un genre méconnu : le documentaire de création. « Les documentaires de création sont très différents des documentaires d’information qu’on peut voir à la télévision, explique Olia Verriopoulou, membre du comité de sélection du festival. Ils ne sont pas le produit d’une commande avec son cahier des charges et ses contraintes. Là, les films sont beaucoup plus libres, ce qui offre une belle variété de thèmes, de sujets et de formats. On veut les mettre en avant en proposant les toutes dernières créations telles que Le Concours de Claire Simon et Gimme Danger de Jim Jarmusch, ou en programmant des films rares, plus anciens. »

Coupe dans les subventions

Ce 20e festival des Écrans documentaires se déroulera toutefois dans une atmosphère un peu particulière. Durant l’été, l’association « Son et Image » a été durement frappée par la réduction des aides régionales au cinéma et à l’audio-visuel, voyant ses subventions amputées de 60%. Un coup de massue qui intervient après d’autres baisses survenues en 2012 et 2013, qui avaient déjà poussées les organisateurs à revoir à la baisse les prétentions du festival. Avant cela, plus de 150 films étaient programmés, plusieurs sections compétitives étaient organisées et l’événement s’étalait sur une dizaine de jours… « On monte le festival dans des conditions très difficiles sur le plan financier, explique-t-on du côté de l’organisation. Le drame, c’est que la coupe des subventions a été annoncée en cours d’exercice, alors que nous avions déjà engagé de nombreuses dépenses. On a été contraint de lancer un appel aux dons pour mener à bien cette édition et voir ce qu’il sera possible de faire pour les prochaines années. » L’existence du festival est ainsi devenue tristement précaire, et son avenir pourrait s’inscrire en pointillés. Mais n’est-ce pas là une raison supplémentaire de se rendre à cette 20e édition des Écrans documentaires ?

Les Écrans documentaires
Du 2 au 9 novembre, à l’espace municipal Jean Villar
1, rue Paul Signac – 94100 ARCUEIL

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