Invité de « l’Emission politique », jeudi sur France 2, l’ancien Premier ministre a expliqué sans broncher à tous ses interlocuteurs qu’il leur infligerait son programme-choc sans aucun état d’âme. Très loin des ronds de jambe de candidats désireux de conquérir leur auditoire à tout prix. Et si c’était ça, la « marque » Fillon ?
Certes, on s’en doutait, que cette Emission politique avec François Fillon n’allait pas être l’éclate de l’année… Depuis qu’il est en campagne pour la primaire de la droite, l’ancien Premier ministre ne cesse de promettre une douloureuse thérapie de choc pour la France, entre la suppression de 500.000 emplois de fonctionnaires, la disparition de la durée légale du travail, les 40 milliards d’allègements de charges pour les entreprises ou encore le plafonnement et la dégressivité des allocations chômage – pour ne citer que quelques mesures phares. Une cure de rigueur qui n’imprime pas tellement : dans les sondages, Fillon reste loin des favoris de la primaire, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy. Pour sa grande émission en prime time sur France 2, jeudi 27 octobre, allait-il mettre de l’eau dans son vin ? Adoucir quelque peu son remède de cheval ? Ou au moins montrer un peu de compassion avec les premiers concernés par son intraitable programme ?
Même pas en rêve ! Pendant deux heures, François Fillon a fourni l’éclatante confirmation que l’homme droit dans ses bottes, ce n’est plus Alain Juppé, mais lui – et tant pis pour la compassion. D’entrée de jeu, le voilà qui exalte Margaret Thatcher, la briseuse de grève des années 80. Tout au long de l’émission, France 2 tente de fendiller l’armure en le confrontant à différents interlocuteurs. Peine perdue ! Quand le syndicaliste guadeloupéen Elie Domota l’accuse de racisme pour avoir estimé que la France ne devait pas se sentir coupable de la colonisation, Fillon assume crânement son « refus de la repentance ». Quand la chaîne l’emmène à la rencontre de cheminots dont il veut supprimer le régime spécial de retraite, il leur explique sans sourciller que lui président, ce sera la retraite à 65 ans, point barre : « Vous vous rendez compte, quand même, si tous les Français partaient en retraite à 50 ans, où est-ce qu’on en serait… »
Et même quand il est confronté à une femme mariée à une autre femme, mère de deux enfants nés par procréation médicalement assistée (PMA), François Fillon lui assène sans fioritures qu’il lui retirera le droit à l’adoption plénière en réécrivant la loi Taubira :
« Evidemment que ça serait plus facile de vous répondre “oui, vous avez raison” et de parler d’affection et d’éducation de l’enfant. Moi, j’essaie de raisonner sur le long terme par rapport à une société. Je pense que cette société doit préciser ses règles de filiation, absolument restreindre la PMA et doit interdire à toute occasion la gestation pour autrui. »
.@FrancoisFillon : « Une société doit restreindre la PMA et interdire absolument la GPA » #LEmissionPolitique https://t.co/LcL3NTb10Z
— L’Emission politique (@LEPolitique) October 27, 2016
C’est cash, implacable, désarmant de dureté. Et c’est la spécificité Fillon. Là où un Nicolas Sarkozy martèle qu’il veut aller chercher « un par un » ses électeurs perdus, là où un Alain Juppé tente d’adoucir son image rigide, François Fillon, lui, n’essaie même pas d’enrober son propos. C’est lui qui a raison, et si l’on n’est pas d’accord, c’est pareil !
Le candidat s’offre même le luxe de doucher l’ambiance jusqu’à la fin de l’émission, après la chronique de l’humoriste Charline Vanhoenacker. Sourire en coin, il flingue tranquillement la séquence : « Je ne suis pas totalement convaincu que ce soit parfaitement approprié de conclure de cette manière une émission politique où on parle de sujets qui sont très difficiles, mais c’est juste ma vision des choses. » Reste à convaincre les électeurs qu’il a aussi la vision juste des choses.
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