Privée de télé ! Marine Le Pen stoppe l'échappée en solitaire de Marion Maréchal

L’occasion était trop belle… Marion Maréchal-Le Pen devait être l’invitée le 10 novembre prochain de l’Emission politique sur France 2. Deux heures en première partie de soirée sur une grande chaîne : l’exposition offerte était inédite pour la députée du Vaucluse. Mais comme l’a révélé l’Opinion, ce joli plan média est tombé à l’eau sous la pression de Marine Le Pen. Un psychodrame qui illustre les petits couacs de communication entre une tante qui ne veut pas voir de tête dépasser dans son parti et une nièce qui aime nager dans son propre couloir.

C’est d’abord à la présidente du Front national que France 2 a proposé de participer à l’Emission politique cet automne, mais Marine Le Pen a refusé. « On a répondu que ce n’était pas le moment car nous n’avons pas encore de projet présidentiel et d’adversaire, que ce soit à droite ou à gauche », explique-t-on au FN. Marine Le Pen a en effet un autre calendrier : elle ne compte pas plonger dans le grand bain de la campagne présidentielle avant le mois de février, lorsqu’elle présentera son programme. En attendant, elle observe une (relative) cure médiatique en se laissant porter par les bons sondages.

Marion Maréchal-Le Pen n’a pas prévenu sa tante

France 2 s’est alors rabattue sur Marion Maréchal-Le Pen, qui a accepté de participer. Mais mercredi, Alain Vizier, le responsable de la communication du FN, a appelé la chaîne pour faire annuler l’émission. Pas question d’occuper la place dévolue à la patronne du parti ! Du côté de la députée, on plaide la bonne foi. « Les gens de France 2 ont juste un peu omis de nous prévenir qu’ils avaient invité Marine avant Marion ! », pointe-t-on dans son entourage.

Sauf que Marion Maréchal-Le Pen non plus n’a pas jugé bon de prévenir Marine Le Pen lorsqu’elle a reçu l’invitation d’une émission ordinairement consacrée à des candidats à la présidentielle… Ce qui en dit long sur les relations – ou plutôt les non-relations – entre la tante et la nièce. Il ne s’agit ici pas de rivalité : contrairement à une rumeur qu’aiment alimenter certaines voix – au FN et ailleurs – Marine Le Pen et Marion Maréchal-Le Pen ne sont pas en guerre. « J’ai une très bonne relation avec Marine », assure régulièrement la députée du Vaucluse, y compris en privé. « Marion, c’est comme ma fille », a déjà affirmé, en écho, la patronne du FN.

« Une très bonne occasion »… manquée !

Ce qui est certain, en revanche, c’est que les deux femmes se parlent assez peu, d’autant que Marion Maréchal-Le Pen ne fait pas partie des instances exécutives du FN. Depuis son élection à l’Assemblée nationale en 2012, la députée s’emploie à bâtir sa ligne personnelle, avec une tonalité conservatrice et identitaire qui diffère parfois du discours officiel de son parti. Un prime time sur France 2 lui aurait permis de franchir un nouveau cap dans la construction de cette image propre. « C’était une très bonne occasion », soupire un proche, qui déplore que le FN « laisse la saturation complète de l’espace médiatique aux autres partis ».

Cet épisode en rappelle un autre, que n’ont toujours pas digéré les « marionistes ». Au dernier congrès du FN, en novembre 2014 à Lyon, Marion Maréchal-Le Pen avait été privée de discours à la tribune par Marine Le Pen. L’excuse officielle avait été fournie par Florian Philippot, plus proche conseiller de la présidente du FN : seuls « les responsables exécutifs » devaient prendre la parole. En réalité, il s’agissait plutôt de canaliser la popularité de la députée, qui explosait déjà chez les militants : à l’époque, Marion Maréchal-Le Pen était arrivée en tête de l’élection du comité central, sorte de parlement du parti. Florian Philippot, lui, n’était que quatrième…