Invité de « Bourdin Direct » ce jeudi 27 octobre sur BFMTV et RMC, Nicolas Sarkozy a développé son idée selon laquelle la cause du réchauffement climatique dû à l’homme « est l’explosion démographique ». Pointant en particulier le continent africain, il prône la mise en place d' »une politique de natalité ».
« L’environnement, ça commence à bien faire… » Entamé dès 2010, le virage climato-sceptique de Nicolas Sarkozy a depuis lors pris un tour de plus en plus sérieux, jusqu’à prononcer le mois dernier cette phrase : « Il faut être arrogant comme l’Homme pour penser que c’est nous qui avons changé le climat ». Logique, donc, que le recevant ce jeudi 27 octobre sur BFMTV et RMC, Jean-Jacques Bourdin pose la question au candidat à la primaire de la droite : « Est-ce que l’activité humaine contribue à changer le climat ? » Réponse de l’invité :
« Oui, oui, sans aucun problème, sans aucune réserve. »
Nouveau revirement ? Pas si vite… Le candidat enchaîne : « Est-ce que c’est la seule raison ? Non ! Est-ce que c’est le premier problème, le plus grave défi de l’humanité ? Non, je considère que le plus grave défi de l’humanité (…), c’est l’explosion démographique sans précédent ». Car voici son diagnostic sur le réchauffement climatique : « La première cause de pollution, la première cause de dérèglement, c’est l’explosion de la population qui vit sur la planète ».
A l’appui de cette démonstration, Nicolas Sarkozy ressort son exemple favori de l’année : le Nigeria. « Quand vous pensez que Lagos (capitale économique du pays, ndlr) a 22 millions d’habitants, quand vous pensez que l’Afrique va passer de 1 million (sic, c’est 1 milliard) à 2 milliards 300 millions, quand vous pensez que le troisième pays le plus peuplé du monde dans 30 ans sera le Nigeria (…), le seul Nigeria aura plus d’habitants que les Etats-Unis d’Amérique dans 30 ans ! Vous voyez bien que la première cause de la dégradation de notre environnement, c’est l’explosion de la population. » Pour y remédier, il propose donc « un organisme mondial dépendant des Nations unies pour surveiller l’évolution de la démographie dans le monde » et la mise en place de « politiques de gestion de la natalité ».
Sauf que… Sauf que la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique auquel fait face le monde aujourd’hui – et que Nicolas Sarkozy a donc reconnue sans ambages – est la conséquence, par définition, de son activité… passée, et non future. En l’espèce, de l’explosion de l’émission de gaz à effet de serre (GES), provoquée non pas par la hausse démographique dans les pays en voie de développement mais par l’explosion industrielle des pays qui se sont développés. Ainsi, souligne le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) , « les émissions des six gaz à effet de serre couverts par le protocole de Kyoto ont augmenté de 80% depuis 1970 et de 30% depuis 1990 ». Et la principale cause de ces émissions de GES est la production d’énergie (25%). Or, toujours aujourd’hui, les chiffres d’émission de gaz à effet de serre dus à la production d’énergie rapportée au nombre d’habitants ne pointent pas du tout la responsabilité de l’Afrique. Arrivent largement en tête les « Etats-Unis d’Amérique », puis… l’Union européenne.
Par conséquent, quand Nicolas Sarkozy affirme que « la première cause de la dégradation de notre environnement c’est l’explosion de la population », c’est faux. Et quand il affirme qu’en luttant contre les émissions de gaz à effet de serre dans les pays développés, « nous travaillons sur les conséquences et pas sur la cause » du réchauffement climatique actuel, il a encore faux. C’est appliquer à l’Afrique une double peine : celle d’avoir vu le monde se développer en grande partie à ses dépens, et la rendre responsable par-dessus le marché des conséquences néfastes de ce développement qui l’a laissée pour compte.
Powered by WPeMatico
This Post Has 0 Comments