Centenaire de Mitterrand : Hollande s'accroche aux forces de l'esprit

Touché mais pas tout à fait coulé. Malgré le violent désamour qui le frappe, le président de la République croit encore qu’il peut rebondir. C’est en tout cas le message qu’il a voulu faire passer à l’occasion de la commémoration au Louvre du centenaire de la naissance de son prédécesseur socialiste, François Mitterrand.

L’horloge et le verbe. Voilà les deux seules armes dont dispose encore François Hollande, président essoré à six mois de la fin de son mandat. Le cadran de sa pendule interne est fixé sur la première quinzaine de décembre, quand il annoncera s’il concourt ou non à sa réélection. Malgré des sondages exécrables, il a déjà donné une solide indication sur sa volonté de se représenter ce mercredi 26 octobre, jour du centenaire de la naissance de l’autre président socialiste de la Ve République, François Mitterrand.

Comme attendu, le président de la République s’est emparé de cette commémoration, l’a détournée même pour se livrer depuis le Louvre à un plaidoyer pro domo. Qu’importe si la mitterrandie ne l’apprécie guère. Qu’importe si Pierre Joxe, l’un des ses éminents représentants pestait le matin même sur France Culture à son endroit: « Si vous comptez sur moi pour commenter les propos de ce politicien…». Avant de jeter, cruel :

«Je vous ai dit que je n’ai pas l’intention de vous parler de ce personnage que je n’ai jamais soutenu, que je n’ai jamais apprécié. Que je supporte parce qu’il est élu, comme beaucoup de Français. »

Il a bien fallu pourtant aux admirateurs de l’homme d’Epinay supporter ce nouveau discours présidentiel. Entendre encore les pirouettes de François Hollande, qui a aimé dépeindre sa situation politique compliquée comme un décalque des épreuves endurées il y a plus de vingt ans par François Mitterrand.

« S’il semblait parfois à contre-temps, c’est qu’il avait pris de l’avance. »

Le président de la République a commencé par une adresse à ceux qui a gauche aiguisent déjà de longs couteaux pour dépouiller son cadavre. Insistant sur la volonté, « inébranlable » d’un François Mitterrand qui « n’a jamais cédé au découragement et n’a cessé de rassembler ». Chacune des phrases de cette brève allocution était à double sens. Ce qu’il faut retenir de la geste mitterrandienne ? Sa volonté de « redresser la France, la rendre plus forte », dire « que la gauche pouvait gouverner le pays sans s’aveugler et se renier. » Hollande se place en gardien de l’héritage. Tape à droite sur « ceux qui voudraient supprimer l’ISF », mesure instaurée en 1982 par le gouvernement Mauroy et rappelle à sa gauche, alors que Jean-Luc Mélenchon devient un dangereux adversaire, queFrançois Mitterrand fait un « choix très important en 1983 [le tournant de la rigueur], quand un certain nombre appellent au protectionnisme. »

De manière transparente, François Hollande met encore en garde ceux qui piaffent dans la majorité. Dans l’ordre, cela donne : « Mitterrand savait attendre pour mieux durer » ou bien « Il scrutait les espaces pour pouvoir surgir au bon moment. » Ou encore : « S’il semblait parfois à contre-temps, c’est qu’il avait pris de l’avance. »

Certains de ses proches avaient émis l’idée que François Hollande s’exprime devant les Français pour tenter de réparer les dégâts causés par le livre de Gérard Davet et Fabrice Lhomme (Un président ne devrait pas dire ça…, Stock). S’il s’y résout aujourd’hui, c’est caché derrière la figure tutélaire de l’ancien président.

« Faut-il se rappeler ce que de son vivant, il a pu subir de contestations, d’outrages, d’outrances, parce qu’il était François Mitterrand et qu’il avait été un combattant assez irréductible. Il était attaqué car il était la gauche et avait la prétention de gouverner. »

Pour ceux qui avaient encore un doute, François Hollande entame la dernière ligne droite. « Il avait fait des choix pour le pays. Il était la gauche, qui prétendait accéder au pouvoir et y rester. A la gauche, il laisse un testament décisif : se rassembler pour gouverner. Il dit à la France que la volonté est la condition de son salut. » Pas sûr pour autant que l’évocation des forces de l’esprit mitterrandien suffisent à garantir celui de François Hollande.

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