"Je n'aime pas les flics. Je déteste les juges" : la vieille citation qui revient gêner Juppé

Interrogé ce mardi 25 octobre sur des propos anti-police et anti-juges qu’il aurait tenus en 2010 et qui sont rapportés dans un livre, Alain Juppé a affirmé : « Je n’ai pas pu dire ça parce que je n’en pense pas un mot ».

« Je n’aime pas les flics. Je déteste les juges. » La phrase pique, surtout quand elle est attribuée à un candidat à l’élection présidentielle. En l’espèce, ces propos sont imputés à Alain Juppé dans le dernier ouvrage de la journaliste Anna Cabana, Le fantasme Juppé, qui paraît cette semaine. Selon elle, c’est la réponse qu’il lui avait faite en 2010, alors que le maire de Bordeaux était interrogé sur les ministères qu’il pourrait viser dans le gouvernement Fillon.

Six ans plus tard, le candidat à la primaire de la droite a dû s’en justifier ce mardi 25 octobre sur France Inter. « Ce livre est une oeuvre d’imagination« , a-t-il d’abord cinglé, avant de tenter d’en décrédibiliser l’auteure : « J’ai déjà vécu ça du fait du même auteur. Dans un précédent ouvrage, elle laissait entendre que je n’étais pas le fils de mon père. Dans ma famille, cela avait suscité une profonde indignation. » Alain Juppé connaît pourtant bien Anna Cabana, qu’il a rencontrée à de nombreuses reprises pour ce livre. La citation en question figurait d’ailleurs déjà dans le précédent ouvrage de la journaliste, Juppé, l’orgueil et la vengeance, publié en 2011. Sans que l’intéressé ne s’en émeuve à l’époque.

Aujourd’hui, le maire de Bordeaux plaide une déformation de ses propos :

« Ce sont des propos d’il y a plusieurs années, que j’ai pu tenir sur certains points. D’autres sont déformés – ou tronqués – et en tout cas, je n’ai pas pu dire ça parce que je n’en pense pas un mot.« 

Et d’insister sur son respect pour les fonctions policières et judiciaires :

« J’ai de la considération pour les fonctionnaires, je l’ai toujours montré tout au long de ma vie publique, et en particulier pour les fonctionnaires de police. Que je n’aie pas été candidat au ministère de l’Intérieur, c’est une autre affaire. Quant à la justice, depuis 2004, depuis que j’ai été condamné, je me suis fixé une règle absolue : je n’exprime aucun point de vue personnel critique, ni sur l’institution, ni sur les magistrats. »

Tenir des propos problématiques sur une institution et les voir ressortir dans un livre, cela s’est déjà vu récemment… François Hollande vient ainsi de se faire épingler dans l’ouvrage Un président ne devrait pas dire ça, rédigé à partir de 61 entretiens avec deux journalistes du Monde, il éreinte les magistrats qui formeraient « une institution de lâcheté« . Après le tollé provoqué par ces confidences, le chef de l’Etat a écrit le 14 octobre une lettre d’excuses aux magistrats dans laquelle il affirme aussi ne pas penser les propos compilés dans l’ouvrage : « (Ces propos) sont sans rapport avec la réalité de ma pensée comme avec la ligne de conduite et d’action que je me suis fixé (sic) comme président de la République« . Curieux, cette fâcheuse habitude qu’ont certains politiques à voir leurs mots rapportés dépasser leur pensée…

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