C’est ainsi qu’un détenu de la prison de Sequedin dans le Nord décrit ses conditions de détention. Il a saisi le tribunal administratif et l’audience s’est déroulée le 20 octobre. Une nouvelle situation de lourde insalubrité après celle de la prison de Fresnes, elle-aussi infestée par les parasites.
“Mon client prend sa douche avec des rats morts”. Deux semaines après l’assignation devant la justice de l’Etat en raison d’une “présence massive” de rats et autres parasites à la maison d’arrêt de Fresnes (Val-de-Marne), un détenu dénonce à son tour l’enfer insalubre de la prison de Sequedin (Nord). L’homme de 35 ans a saisi en référé-liberté – procédure d’urgence pour la sauvegarde d’une liberté fondamentale – le tribunal administratif de Lille par le biais de son avocat. Resté dans sa cellule, il n’a pas pu assister à l’audience ce jeudi 20 octobre. Maitre Olivier Cardon a sommé l’Etat d’agir. : « Il faut éradiquer le phénomène, ordonner une expertise. »
Au cours de l’audience, l’avocate du Ministère de la Justice a reconnu la présence des rongeurs dans la prison, “mais à l’extérieur, pas dans les cellules”, raconte Francetvinfo ce vendredi Cette vidéo de France Bleu Nord, qui aurait été tournée par un détenu, donne une idée de l’ampleur du désastre :
Les détenus, vivant à plusieurs dans 9 mètres carrés, jettent leurs ordures par la fenêtre. Résultat : les parasites arrivent par centaines se délecter des déchets, comme le montre cette vidéo, et s’installent tranquillement dans ces prisons-garde-manger géantes. Le détenu de 35 ans “n’ose même plus prendre de douche, il y a des cadavres de rats qui risquent de transporter des maladies. Il a connu d’autres prisons, mais il n’a jamais vu ça. Il y a extrême urgence », explique à France Bleu Nord maître Cardon. “Mon client mange avec des rats dans sa cellule, l’eau de sa douche pue à cause des rats dans les canalisations, les rats se promènent aussi dans la cour où il fait sa promenade ».
Pire qu’un trou, « une fourmilière de rats”, s’indigne le détenu.“C’est répugnant : l’odeur, les carcasses en décomposition. Il y a minimum 500 rats sous nos fenêtres.” Une société de dératisation venait pourtant d’intervenir dans cette prison de la métropole lilloise, construite en 2005, précise France Bleu. “Ce sont des conditions de 1800, on est en 2016, dans une nouvelle prison », témoigne le détenu à la radio publique locale. Olivier Cardon s’alarme également sur « les conditions de travail déplorables des surveillants liées à la présence de ces rats ».
Une situation qui fait honteusement écho à l’assignation de l’Etat devant la justice au début du mois par l’Observatoire international des prisons (OIP) à 250 kilomètres de là. A la maison d’arrêt de Fresnes, deux cas de ptospirose, une infection transmise par les rats, ont été observés chez des détenus cette année. Un “panneau » est même affiché à l’entrée de la promenade indiquant à chacun « de faire attention aux morsures, excréments etc. de rats ». Le 6 octobre, le tribunal administratif de Melun a ordonné à l’Etat d’”intensifier” les actions de dératisation à Fresnes. Le ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, avait promis de « prendre la condamnation comme une invitation à continuer les efforts ».
En ce qui concerne le référé-liberté du détenu de Sequedin, la décision du TA de Lille devrait être connue dans les jours qui viennent. Mais combien de prisons sont frappées par ce phénomène ?
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