Les talons rouges du marquis de Macron

La cour. Deuxième épisode d’une peinture d’un régime qui file.

Le royaume était contrôlé par des vieillards dont les conseils étaient comme des soleils d’hiver : ils brillaient mais ne réchauffaient plus. Ces importants d’un âge certain mettaient un soin tout particulier à mettre en avant non pas des commensaux de la génération suivante mais plutôt de très très jeunes talents, croyant s’offrir ainsi un bain de jouvence et l’assurance de rester éternellement aux affaires. Viendrait un temps où l’on arracherait les heureux élus au sein de leur nourrice. En agissant ainsi, nos chers barbons ne se souciaient guère du renouvellement politique. Ils préféraient céder à la mode pour le plus grand plaisir des gazettes friandes des derniers falbalas. La mode était en France une passion dévorante qui emportait tout. On n’adhérait pas à un projet, on s’entichait d’un homme, d’une attitude, d’un bon mot, d’un geste.

On raconte qu’autrefois Monsieur, Philippe d’Orléans, frère de Louis XIV, qui portait dentelles et rubans, était moins un opposant que l’arbitre des élégances de la cour. Un soir de carnaval, le prince, entouré de quelques libertins, avait décidé de s’encanailler et de traîner du côté du marché des Innocents où se trouvaient les bouchers et les équarrisseurs. Il revint au petit matin, à Versailles, les talons rouges du sang qui maculait les dalles. Pressé de se rendre au Conseil, il changea de redingote mais garda ses bas et ses souliers. Le soir même, se rendant au bal, quelle ne fut pas la surprise de Monsieur de voir que les chaussures de nombreux courtisans se rehaussaient de talons rouges. La mode était lancée. Il faudra attendre la Révolution française pour voir sa disparition avec celle, il est vrai, d’une bonne partie de la noblesse.

François Hollande, qui avait 100 ans dans sa tête, jeta son dévolu sur le jeune marquis de Macron. C’était un jeune homme de taille moyenne mais qui en imposait par son affabilité. Avec ça, de l’agrément dans le visage et une tête pleine d’esprit mais aussi d’ambition et de fantaisie. Quand ses yeux grands ouverts s’écarquillaient devant vous, vous aviez l’impression d’être la personne la plus importante du monde.

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