Derrière la primaire de la droite, la bataille des investitures aux législatives

Alain Juppé a rappelé que s’il gagnait la primaire, il reverrait « évidemment » les investitures attribuées par Les Républicains. De quoi faire râler chez les sarkozystes.

Certes, avec toutes ces primaires qui désigneront des candidats, puis la présidentielle qui les départagera, c’est un scrutin qui peut paraître lointain. Mais qu’on ne s’y trompe pas : les élections législatives de juin 2017 sont dans toutes les têtes à droite. Mis entre parenthèses le temps de la primaire, le sujet brûlant des investitures a refait surface cette semaine, relançant les invectives entre juppéistes et sarkozystes.

Une fois n’est pas coutume, la provoc’ est venue du maire de Bordeaux. Lundi matin sur Europe 1, Alain Juppé a confirmé qu’il reverrait « évidemment » les investitures déjà attribuées s’il gagnait la primaire. Avant d’ajouter, visiblement mal réveillé : « Aujourd’hui, il y a 577 candidats LR investis dans 577 circonscriptions, on va avoir une majorité demain composée à 100% de députés LR ? Ça n’a naturellement pas de sens. » Une jolie intox que le sarkozyste de choc Christian Estrosi, pourtant spécialiste en la matière, s’est fait un plaisir de dénoncer. D’abord, 25 circonscriptions « ont été réservées à des candidats UDI sortants », a-t-il rappelé, fort de son costume de président de la Commission nationale d’investiture (CNI) de Les Républicains. Ensuite, 473 candidats LR (et non 577) ont été désignés avant l’été, ce qui laisse 79 circonscriptions en friche. Contrairement à ce que dit Juppé, toutes les investitures n’ont donc pas été attribuées à des LR.

Une nouvelle volée de bois vert s’est abattue sur le maire de Bordeaux pendant la réunion des députés LR, mardi 18 octobre. « C’est un problème si Alain Juppé ne se sent pas engagé par les investitures », s’est émue la filloniste Annie Genevard. Le patron du groupe LR Christian Jacob, rallié à Nicolas Sarkozy, a de son côté insisté sur la nécessité d’avoir une majorité absolue avec le seul groupe LR. Comprendre : pas question de faire trop de place à ces centristes qui, pour la plupart, ont l’agaçante manie de préférer Juppé à Sarkozy.

« Dissuasion nucléaire »

C’est bien pour cela que l’ancien chef de l’Etat a tout fait pour boucler un maximum d’investitures en juin, lorsqu’il était encore aux commandes du parti. Après un mini-psychodrame cet hiver, les prétendants à la primaire s’étaient mis d’accord pour geler les décisions dans les circonscriptions où aucun candidat ne faisait consensus. Sauf que, « contrairement au deal passé, plein d’investitures ont été votées dans des circonscriptions où on n’était pas d’accord, grince le juppéiste Benoist Apparu. Juppé a donc prévenu qu’il reviendrait dessus. Il ne fait que répéter la même chose aujourd’hui. » « Si un futur président de la République a pour seul impératif de regarder les investitures, ce n’est pas à la hauteur de l’enjeu, rétorque le député sarkozyste Philippe Cochet, membre de la CNI. Nos candidats sont déjà en campagne sur le terrain. Je participais mardi à une séance de formation avec eux, ils ont été troublés par cette déclaration. »

Pour les règlements de compte, rendez-vous au conseil national du parti de décembre, qui validera définitivement les investitures. Les sarkozystes sont prévenus : s’ils perdent la primaire, des ajustements sont prévisibles, même si personne ne s’attend à un grand chambardement. « Les députés sortants ne seront pas inquiétés, les circonscriptions gelées seront négociées et quelques investitures problématiques seront revues », pronostique un député non aligné. Avantage : avoir la main sur les investitures devrait permettre au vainqueur de la primaire de mettre au pas les troupes qui n’ont pas roulé pour lui. « C’est la dissuasion nucléaire », rigole un sarkozyste du premier cercle. Mais qui aura les codes de la bombe ?

 

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