Alerte reniement : Anne Hidalgo se range finalement au travail le dimanche

Anne Hidalgo a changé d’avis : alors qu’elle était farouchement opposée au travail le dimanche, la maire de Paris a décidé d’autoriser les magasins à ouvrir douze dimanches par an, soit le maximum légal. Et ses arguments ressemblent drôlement aux précédents… mais à l’envers !

Zigzag à la mairie de Paris. Anne Hidalgo (PS) a annoncé ce mardi 18 octobre qu’elle allait proposer au prochain Conseil de Paris d’autoriser les commerces parisiens à ouvrir douze dimanches en 2017, soit le maximum possible, pour « soutenir les commerces de proximité« . Ce qui correspond à… la position inverse de celle que la maire défendait jusqu’à présent. « Nous allons avoir à Paris une arrivée massive des chaînes de distribution alimentaire qui vont dans ces quartiers-là tuer le commerce de proximité« , affirmait en septembre 2015 Anne Hidalgo. Elle s’opposait alors à la loi Macron qui prévoyait l’ouverture des magasins le dimanche dans les Zones Touristiques Internationales (ZTI), ces endroits à fort potentiel commercial.

Cette décision que l’édile présente comme « pragmatique«  et prise après avoir reçu syndicats, organisations patronales ainsi que branches, « s’appuie sur la réalité des rythmes de vie des Parisiens, dans un contexte économique difficile pour les commerçants, touchés notamment par la baisse de la fréquentation touristique« , a indiqué le premier adjoint de la maire, Bruno Julliard, dans un communiqué. « Le dimanche, à Paris, on peut s’occuper de ses proches« , faisait pourtant valoir Anne Hidalgo en décembre 2014 pour justifier son opposition à la loi Macron. « La réalité des rythmes de vie des Parisiens » aurait-elle changé en moins de deux ans ?

« Faire face à la concurrence des grandes enseignes »

Ce qui a indiscutablement changé, c’est la capacité de la maire de Paris à trancher en la matière. Une décision du Conseil constitutionnel du 24 juin dernier lui a en effet donné le pouvoir, auparavant dévolu au préfet de région, de fixer le nombre de dérogations au repos dominical dans les commerces, dit « les 12 dimanches du maire ». Désormais, l’exécutif parisien explique qu' »il est essentiel, lors de grandes périodes de consommation, que le petit commerce puisse ouvrir le dimanche et faire face à la concurrence des grandes enseignes situées en ZTI« . Dans ces zones touristiques, comme les Champs-Elysées, le quartier de Saint-Lazare ou le Marais à Paris, les commerces peuvent être ouverts tous les dimanche de l’année, sous couvert d’un accord avec les syndicats. En clair, dans l’esprit de la maire de Paris, puisque la loi Macron permet aux grandes enseignes d’ouvrir le dimanche… les petits commerces situés ailleurs dans Paris sont obligés de faire de même au moins douze fois par an s’ils veulent garder leur clientèle. Du moins dans l’esprit de la maire de Paris.

Bruno Julliard met en avant les conditions de travail différentes entre les deux régimes juridiques : ‘ »A l’inverse de la généralisation qui met en difficulté les petits commerces et ne conditionne les contreparties salariales qu’aux accords d’entreprise, les dimanches du maire garantissent à tous les salariés une rémunération deux fois plus importante que celle qu’ils touchent les autres jours de la semaine et un jour de repos« . Et tant pis pour le repos dominical, jadis vanté par Anne Hidalgo. Reste en outre à savoir si ces douze ouvertures dominicales suffiront à faire face à la puissance commerciale des grands groupes, qui eux aussi, pourront ouvrir ces jours-là dans tout Paris.

Opposition des communistes et des écologistes

Au Printemps Haussmann (Paris IXème), les syndicats ont rejeté ce mardi 18 octobre les conditions de la la direction. Il était proposé aux salariés de leur payer double les douze premiers dimanche… et pas les suivants. Leurs voisins, les Galeries Lafayette, ont quant à eux trouvé un accord sur le travail dominical au mois de mai, peu après le BHV Marais, enseigne du même groupe.

La proposition d’Anne Hidalgo sera soumise au Conseil de Paris qui se tient du 7 au 9 novembre. Cette séance promet une belle empoignade puisque plusieurs groupes de sa majorité, notamment les groupes communiste et écologiste, très hostiles au travail le dimanche, souhaitaient que la maire n’autorise qu’un nombre le plus restreint possible de dimanches. Le Conseil de Paris ne rend qu’un « avis consultatif » qui devra ensuite être entériné par un avis conforme de la Métropole du Grand Paris, comme le prévoit la loi Macron.

Powered by WPeMatico

This Post Has 0 Comments

Leave A Reply