Béziers : Ménard fait adopter son référendum anti-migrants… illégal

Robert Ménard a fait adopter par le conseil municipal de Béziers de ce mardi un projet de référendum sur la présence de migrants dans sa ville. Problème, cette question relève de la compétence de l’Etat… Le préfet va demander l’interdiction du scrutin devant le juge.

Jouer le médiatique contre le juridique, toujours. En s’appuyant sur sa mairie, Robert Ménard poursuit sa campagne de communication contre les migrants à Béziers, dans l’Hérault. Ce mardi 18 octobre, le maire de la ville, proche du FN, a fait adopter en conseil municipal un projet de référendum sur la présence de migrants. Ce scrutin a pourtant peu de chances de voir le jour.

Avant le début du conseil, Robert Ménard a annoncé qu’il maintenait son projet alors que le préfet de l’Hérault, Pierre Pouëssel, l’a dans une lettre « invité » à « retirer de l’ordre du jour cette délibération« . Le préfet rappelait que le conseil municipal « ne peut empiéter sur les compétences de l’Etat, ce qui est le cas en l’espèce« . Une ville n’a en effet aucunement le droit de restreindre l’accès à son territoire à certaines catégories de population. « Je me dois dès à présent de vous indiquer que si cette délibération venait à être adoptée, je serais conduit à en demander la censure par le juge administratif par la voie d’un référé-suspension« , a prévenu le haut-fonctionnaire, garant du respect de la loi dans les villes du département.

« J’irai moi-même défendre le référendum contre l’Etat »

« Je ne suis pas prêt à recevoir des migrants dans ma ville« , a rétorqué Robert Ménard lors d’une conférence de presse donnée avant le conseil. « Pour aller jusqu’au bout des choses, je vais maintenir le référendum et j’irai moi-même le défendre s’il le faut contre l’Etat« . Le maire de Béziers a peu de chance d’obtenir gain de cause devant le juge mais il pourra en revanche bénéficier de la couverture de l’événement pour développer ses idées. Une stratégie à laquelle l’édile biterrois est rompu. En 2015, il a tenté de mettre en place une « garde biterroise » de patrouilleurs dans cette ville de 75.000 habitants. Cette mesure polémique a été adoptée par le conseil municipal… puis interdite par le tribunal administratif de Montpellier sur recours du préfet. L’arrêté municipal prévoyant des tests ADN sur les chiens pour lutter contre les déjections canines a été également retoqué par la justice.

Une centaine de manifestants ont protesté devant l’hôtel de ville de Béziers contre le projet de référendum. « Plus jamais ça« , « migrants bienvenus, référendum non« , pouvait-on notamment lire ou entendre dans cette manifestation organisée par SOS Racisme, le PCF ou encore le collectif Ensemble. Le conseiller municipal communiste Aimé Couquet a exhorté ses collègues à la tolérance : « Béziers a toujours été une terre d’accueil et doit le rester« . En vain, puisqu’au terme d’un long débat, 36 des membres du conseil municipal se sont déclarés pour la délibération, cinq contre tandis que sept n’ont pas pris part au vote. Au début de cette séance, une vingtaine d’opposants, dont certains ont hurlé « Ménard démission » ou « Ménard facho« , ont été expulsés de la salle par des policiers municipaux et nationaux.

« Ça y est, ils arrivent »

Coutumier des polémiques et des provocations, l’ex-président de Reporters sans frontières a lancé le 11 octobre dernier une campagne d’affichage contre l’agrandissement programmé de 40 places du Centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) de Béziers. « Ça y est, ils arrivent… Les migrants dans notre centre-ville« , pouvait-on lire sur ces affiches, qui ont depuis été retirées et sur lesquelles apparaissent des hommes noirs ou à la peau mate, barbus ou la tête couverte d’une capuche, massés devant la cathédrale Saint-Nazaire sous la phrase : « L’État nous les impose« . La délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme (Dilcra) a saisi le parquet de Béziers à propos de cette affiche. Le parquet de Béziers a ouvert une enquête, confiée au service régional de police judiciaire de Montpellier.

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