Le refus des Wallons de donner leur feu vert à l’accord commercial avec le Canada pourrait tuer dans l’œuf ce traité cousin du Tafta.
Les tenants du libre-échange planétaire pensaient avoir parfaitement rodé leur machine, mais un petit grain de sable pourrait faire s’écrouler leur plan bien établi. En Belgique, le refus des Wallons d’avaliser le traité Ceta de libre-échange avec le Canada donne des sueurs froides à la Commission européenne. Réunis ce mardi 18 octobre à Luxembourg, les ministres européens du commerce devaient donner leur accord à la signature du traité. Mais la fronde wallonne a conduit à un report de la décision au Conseil européen prévu en fin de semaine à Bruxelles.
Le Ceta (pour Comprehensive Economic and Trade Agreement) a été conclu en septembre 2014 par l’Union européenne et le Canada. Mais pour entrer en vigueur, il doit être avalisé par les dirigeants des 28 pays de l’Union européenne et par tous les parlements nationaux, en plus du Parlement européen. Or, deux parlements régionaux francophones belges l’ont retoqué la semaine dernière, et leur refus est suffisant pour empêcher la Belgique de donner son feu vert à l’accord. De quoi obscurcir sérieusement l’avenir du Ceta, alors que la signature du traité est prévue le 27 octobre à Bruxelles lors d’une rencontre UE-Canada, en présence du Premier ministre canadien Justin Trudeau.
Les Wallons, qui s’inquiètent notamment de l’impact du Ceta sur leur agriculture et d’un alignement des normes sociales et environnementales, veulent de meilleures garanties. Le chef du gouvernement de la Wallonie, Paul Magnette, a réclamé lundi une « clause claire sur les droits de l’Homme et sur le développement durable » dans les marchés publics et « de vraies mesures pour protéger nos agriculteurs ». Des inquiétudes partagées dans de nombreux autres pays d’Europe, notamment l’Allemagne et la France, qui ont déjà conduit à l’enlisement du Tafta, traité transatlantique en négociation avec les Etats-Unis.
Alors que d’intenses tractations se poursuivent entre la Wallonie, le gouvernement belge et l’UE, la Commission européenne a lancé ce mardi un ultimatum par la voix de la commissaire européenne au commerce, Cecilia Malmström, qui a enjoint la Belgique de donner son feu vert au Tafta avant vendredi. « Nos amis canadiens ont besoin de savoir s’ils doivent réserver leurs billets ou pas », a-t-elle averti. Pas sûr que ce coup de pression suffise à calmer les vents contraires au libre-échange qui soufflent sur l’Europe.
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