Mis en examen pour « corruption de mineur », l’animateur doit présenter une nouvelle émission sur la chaîne à partir de lundi. Son arrivée suscite une crise ouverte, alors que les turbulences chez iTélé n’ont pas cessé depuis que Vincent Bolloré a repris en main la maison-mère Canal+.
Jean-Marc Morandini doit débarquer ce lundi 17 octobre à 18 heures sur iTélé, pour une émission quotidienne d’une heure sur l’actualité des médias. Mais il n’est pas certain que l’animateur relate à l’antenne les derniers épisodes de la crise qui agite la chaîne info du groupe Canal+. Il y aurait pourtant de quoi dire. Lundi, les journalistes ont voté à environ 85% une grève de 24 heures, reconductible, pour protester notamment contre son arrivée sur iTélé. Rappelons que la nouvelle recrue est mise en examen depuis septembre pour « corruption de mineur » et « corruption de mineur aggravée », après des plaintes déposées dans la foulée des révélations sur les sulfureux castings organisés par sa boîte de production.
La grève a été votée à l’issue d’une assemblée générale, lundi matin. « Il y avait une dimension cathartique, c’était un exercice important pour que les gens puissent parler. Ça fait dix jours que c’est très tendu », explique à Marianne Antoine Genton, représentant de la Société des journalistes (SDJ) d’iTélé. La crise a provoqué un premier départ, celui d’Alexandre Ifi, directeur adjoint de la rédaction, qui l’a annoncé lundi.
iTélé a poussé à bout sa rédaction en confirmant par surprise, le 7 octobre, l’arrivée de Jean-Marc Morandini. Un souhait du patron de Vincent Bolloré, le patron de la maison-mère Canal+. La rédaction a voté la semaine dernière une motion de défiance contre la direction. Pour toute réaction, celle-ci a proposé aux journalistes qui le souhaitent d’invoquer leur « clause de conscience », une disposition qui leur permet de quitter iTélé avec des indemnités. Les salariés de la chaîne se retrouvent donc devant ce choix quelque peu surréaliste : accepter sans broncher de travailler dans la même rédaction que Jean-Marc Morandini… ou partir avec un chèque ! Preuve que la direction du groupe Canal+ est prête à tout pour mettre à l’antenne Jean-Marc Morandini, qui a pourtant été éloigné des micros d’Europe 1 et des caméras de NRJ 12. Il est vrai que l’animateur est un compagnon de route de longue date de Vincent Bolloré. Le milliardaire breton lui avait déjà confié une émission sur les médias lorsqu’il avait lancé sa chaîne Direct 8 en 2005, ainsi qu’une chronique dans son quotidien gratuit Direct Matin.
Ce week-end, la rédaction d’iTélé a lancé une riposte sur les réseaux sociaux en propageant le hashtag #JeSoutiensITélé sur Twitter. En réponse, le compte officiel du groupe Canal+ a tweeté : #JeSoutiensLaPrésomptiondInnocence. Un argument invoqué également par Jean-Marc Morandini dans une tribune publiée par Le Monde jeudi dernier.
Si l’affaire Morandini a servi de catalyseur, ce n’est pas le seul grief de la rédaction à l’encontre de la direction d’iTélé. La SDJ de la chaîne pointe aussi « le manque de moyens et l’absence de ligne éditoriale claire ». Fin juin, une grève de quatre jours pour protester contre le non-renouvellement d’une cinquantaine de salariés en CDD avait déjà paralysé iTélé.
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