Marine Le Pen se pose en gardienne des droits des femmes… mais ne veut pas s'en mêler

Invitée de BFMTV ce 16 octobre, Marine le Pen s’est de nouveau posée en grande avocate de la cause des femmes, notamment concernant l’égalité salariale… tout en renvoyant vers les propositions inexistantes de ses programmes passé et futur sur le sujet, ou en se demandant si c’est bien le rôle des politiques d’agir sur ces questions. Pratique !

On a connu soutien à l’égalité hommes-femmes plus crédible. Invitée de l’émission BFM Politique ce dimanche midi, Marine Le Pen a dû s’expliquer sur son soutien à la cause féministe à géométrie variable. Lorsque la journaliste du Parisien Nathalie Schuck lui demande si elle irait jusqu’à se « revendiquer comme une féministe », Marine Le Pen hésite. « Je ne sais pas ce que ça recouvre, le féminisme, répond la candidate du Front national pour 2017. Ce que je vois c’est qu’un certain nombre de droits des femmes sont en train de reculer, notamment sous la poussée du fondamentalisme islamiste, dans l’indifférence générale de ceux qui se disent précisément féministes. Et notamment de ces associations de gauche qui sont prompts à s’élever contre des dangers qui n’existent pas à mon avis mais qui en revanche ferment les yeux sur un danger qui existe », en référence aux « pressions dans les quartiers » exercée par les fondamentalistes sur les femmes.

Les introuvables propositions pour l’égalité salariale hommes-femmes du FN…Si Marine Le Pen argumente longuement contre le fondamentalisme religieux – c’est bien là que repose l’essentiel de son combat lorsqu’on évoque le droit des femmes -, la présidente du Front national est beaucoup moins diserte sur d’autres sujets. « Sur le site du Front national ou dans vos déclarations passées, je n’ai pas trouvé de propositions concernant les inégalités salariales entre hommes et femmes », note ainsi Nathalie Schuck. Qui pointe le « salaire maternel », une proposition du FN qui permettrait aux femmes qui choisiraient d’élever leurs enfants en abandonnant leur travail de bénéficier de 80 % du Smic pendant trois ans.

Sans revenir sur cette proposition pour le moins incitative au retour des femmes au foyer, Marine Le Pen esquive : « Défendre les droits des femmes, c’est ni leur dire ‘vous allez rester à la maison’, ni leur dire ‘vous allez être la variable d’ajustement de l’ultralibéralisme échevelé' », en référence aux contrats à temps partiels qui concernent particulièrement les femmes. « Quelles sont les mesures que vous proposez contre les inégalités salariales ? », demande alors la journaliste, rappelant que les députés FN à l’Assemblée ont « voté contre toutes les mesures du gouvernement allant dans ce sens ».

« Nous luttons aussi contre l’inégalité salariale, répond Marine Le Pen, en renvoyant à son projet de candidate à la présidentielle de… 2012. Vous le retrouverez d’ailleurs dans le projet de 2017″, assure la députée européenne. Mais de ces « mesures concrètes » passées et à venir, pas de trace dans le programme de 2012. Bien sûr, Marine Le Pen dénonce sur BFMTV la « scandaleuse » inégalité salariale qui sévit encore en France… mais revient bien vite sur le problème du fondamentalisme islamiste :

« Le gigantesque danger qui pèse sur les droits des femmes aujourd’hui est je crois, objectivement, le fondamentalisme islamiste ».

Et si les politiques laissaient les syndicats gérer les droits des femmes ?Face aux déclarations embarrassantes d’une conseillère régionale FN tenues le 15 octobre et déjà postées sur Twitter un mois auparavant – « L’émancipation de la femme par le travail salarié est une marotte de bourgeoise » -, Marine Le Pen grommelle sans condamner ces propos, et conclut :

« Est-ce que je suis pour que les femmes travaillent ? Oui. Est-ce que je suis pour qu’elles soient traité de manière égale avec les hommes en tout domaine ? Oui, en tout domaine, en toute circonstance, quelque soit le sujet ».

Mais pas au point d’agir. Relancée plus tard dans l’émission, Marine Le Pen dira réellement ce qu’elle pense de l’action des politiques sur cette question précise de l’inégalité salariale. Si son programme en est exempt, c’est sans doute parce que la présidente du FN ne veut pas faire d’interventionnisme en la matière. Et renvoie donc la balle aux bons soins des syndicats :

« Personne n’a la baguette magique sur l’inégalité salariale entre les hommes et les femmes. Et est-ce que le politique doit toujours intervenir ? Est-ce que ce n’est pas au dialogue syndical d’avancer sur ces sujets ? Est-ce que ce n’est pas dans le dialogue entre syndicats patronaux et syndicats de salariés que on doit pouvoir avancer sur cette inégalité salariale ? »

Pour le reste des « mesures concrètes » en faveur des droits des femmes, Marine Le Pen renvoie toujours à son projet présidentiel de 2017, encore dans les cartons. Rangés quelque part, là-bas dans la cuisine.

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