Dans un entretien au « JDD » ce dimanche, la ministre de l’Environnement et porte-drapeau de la démocratie participative avoue clairement son opposition à la construction d’un aéroport à Notre-Dame-Des-Landes. Une première depuis l’organisation du référendum sur le sujet en juin 2016. La consultation citoyenne, organisée par son propre gouvernement, avait accouché du « oui » en faveur de l’édification de l’aéroport.
On peut se faire le héraut de la démocratie participative et balayer les résultats d’une consultation citoyenne d’un revers de main. Ségolène Royal, plus que sceptique sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-Des-Landes (Loire-Atlantique), avait pris soin jusqu’alors de ne pas étaler son désaccord au grand jour. Surtout après le résultat du référendum organisé le 26 juin 2016 à l’issue duquel 55,17 % des votants s’étaient exprimés en faveur du projet de nouvel aéroport. La ministre de l’Environnement se contentait depuis d’exprimer son opposition à l’évacuation par la force de la « ZAD » promise par le Premier ministre Manuel Valls. Au lendemain du vote, Ségolène Royal affirmait même au micro de RTL, satisfaite : « La procédure va continuer » grâce à ce « vote démocratique ». Au coeur de l’été, la ministre fera par ailleurs adopter une ordonnance sur « la participation du public à l’élaboration de certaines décisions susceptibles d’avoir une incidence sur l’environnement ».
Notre-Dame-Des-Landes ? « Mieux vaut arrêter les frais »
Et puis, après des mois de faux-semblant, changement de stratégie sur Notre-Dame-Des-Landes. Dans un bref entretien au JDD de ce dimanche, l’ancienne candidate à la présidentielle estime qu’il vaut mieux « arrêter les frais » sur ce dossier. Et pose certaines questions sans ambiguité : « Quel est l’intérêt général et comment rétablir un ordre juste ? En d’autres termes, est- il pertinent de faire prendre des risques pour une infrastructure inadaptée, comme l’ont dit les experts indépendants ? N’y a- t- il pas actuellement d’autres priorités pour la nation ? » Évoquant un ouvrage dont le coût oscillera « entre 800 millions et 1 milliard d’euros », la ministre rappelle qu’il y a « tant besoin d’infrastructures dans toutes les régions ». Conclusion de l’ex-candidate de la démocratie participative : « Aujourd’hui, un tel projet, qui remonte à des années, mal engagé, ne serait pas autorisé ».
Le vote au peuple… tant qu’il va dans le bon sens
Estimant que « les progrès faits » sur « le bruit des avions rendent possibles l’aménagement de l’aéroport actuel », Ségolène Royal se dit « prête à donner du temps » pour « sortir par le haut de cette situation ». En clair, retour à la case départ. Et tant pis pour l’avis des 268 981 habitants de Loire-Atlantique qui ont voté « oui » au projet de nouvel aéroport. Même si personne n’est dupe de l’échelle opportunément choisie par L’Elysée et Matignon, voir la prêtresse de la démocratie participative faire fi d’une consultation populaire organisée par son propre gouvernement laisse pour le moins songeur. L’avis du peuple, oui, sauf quand on n’est pas d’accord avec lui.
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