Revenu universel : le nouveau programme commun

Ce nouveau programme commun à la droite et à la gauche a notamment un avantage : leur éviter de se demander d’où vient cette pauvreté. Leur échec commun.

Il espère redorer son côté «social» un peu terni par la loi El Khomri. Mais, en voulant «mettre dans le débat» le revenu universel pour en faire «un grand projet pour la gauche», Manuel Valls ne risque pas de cliver. Il y a peu de débat. Presque tout le monde est d’accord. La droite. Les syndicats. Le patronat. Et la majorité des Français, même si beaucoup ne savent pas exactement de quoi il s’agit. Un consensus malgré la diversité des appellations : «revenu minimum», «revenu social garanti», «allocation universelle», «revenu de base». Parce que le principe de cette «réforme révolutionnaire» est facile à comprendre : chacun toucherait de sa naissance (ou dès ses 18 ans) une allocation fixe et unique versée jusqu’à sa mort. Elle serait reprise par la fiscalité au milliardaire mais assurerait un «droit à l’existence» au SDF.

Valls est en retard. L’ont devancé José Bové et Alain Madelin. Olivier Besancenot et Christine Boutin. Jean-Luc Mélenchon et Frédéric Lefebvre. Les zadistes et les énarques. Tous d’accord. Chacun avec ses arguments. A gauche, certains invoquent aussi bien la promesse hugolienne – «l’extinction de la misère» – que le rêve situationniste – «ne jamais travailler». D’autres, la réalisation de l’utopie communiste : en finir avec l’aliénation du salariat. Les sociaux-démocrates y voient une nouvelle étape de la solidarité par l’avènement d’une égalité universelle. Mais par le bas : la version décroissante du slogan «A chacun selon ses besoins». Les réalistes, qui ne croient pas à la fin de la lutte des classes, avancent un argument moins ambitieux mais plus convaincant : ne plus avoir besoin de travailler pour vivre permettrait de ne plus accepter n’importe quelles conditions de travail. Ou les quitter plus facilement : le revenu universel comme moyen de changer les rapports de force en faveur des salariés les plus vulnérables.

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