Le « camp de la paix » israélien appelle de nouveau à une paix négociée au Moyen-Orient. Des initiatives qui se répètent sans encore avoir apporté de solution au conflit.
En 1967, Israël vient de vivre sa plus longue période sinon de paix, du moins de sécurité depuis la proclamation de l’indépendance, en 1948. La dernière guerre ouverte contre l’Egypte remonte à 1956. Déclenchée par la France, la Grande-Bretagne et Israël lorsque Nasser a nationalisé le canal de Suez, elle s’est terminée de manière ambiguë, sur une victoire militaire… immédiatement suivie d’une lourde défaite politique. Tandis que les chars de Moshe Dayan avaient dispersé l’armée égyptienne dans le Sinaï, les Français et les Britanniques devaient rembarquer piteusement leurs troupes, sous la pression des Etats-Unis et la menace d’un engagement de l’URSS auprès de l’Egypte. Cette victoire diplomatique a fait du président égyptien Gamal Abdel Nasser le leader du nationalisme arabe. Le Caire devient à partir de 1956 la capitale révolutionnaire du monde arabe. Le soutien de Nasser au FLN algérien renforce son prestige lorsque celui-ci triomphe en 1962. L’Egypte signe des traités d’assistance militaire avec la Syrie, le Liban et la Jordanie.
Pendant les dix années qui séparent les deux conflits, en dépit de cet encerclement, Israël a vécu dans une situation de statu quo, à l’intérieur de frontières provisoires, séparé de la Jordanie et de la Syrie par les lignes du cessez-le-feu de 1948, protégé de l’Egypte par les forces de l’ONU déployées dans le Sinaï. Aucun voisin, aucun pays arabe n’a reconnu l’Etat hébreu. Le pays accueille tant bien que mal les immigrants venus des anciennes colonies françaises et britanniques d’Afrique du Nord et du Proche-Orient. Et la réussite des kibboutzim ne suffit pas à bâtir une économie indépendante. Les difficultés de la vie quotidienne, l’endettement, l’appel constant à l’aide de la Diaspora, pèsent autant que la fragilité des frontières. Politiquement divisé, le pays trouve son unité en se défendant contre un environnement hostile, formé par les Etats voisins. Officiellement, le gouvernement israélien considère que le partage de territoires est acquis, et qu’il appartient à la Jordanie d’intégrer les réfugiés de 1948.
L’ancienne Palestine du mandat britannique est séparée entre Gaza, annexée par l’Egypte en 1948, et la Cisjordanie, intégrée à la même époque au royaume de Jordanie. Un mur sépare les deux parties de Jérusalem, la Vieille Ville étant sous le contrôle de la Jordanie. Les nationalistes arabes, le président égyptien Gamal Abdel Nasser, les dirigeants des partis Baas au pouvoir en Syrie et en Irak, n’ont de cesse d’appeler à la libération de la Palestine, mais les Palestiniens sont considérés comme des réfugiés, sans droits politiques, dans les camps installés en Syrie et au Liban. Ils ne disposent d’aucune autonomie sur leurs propres terres, à Gaza et en Cisjordanie. Lorsque Nasser autorise, en 1964, la création de l’Organisation de libération de la Palestine, celle-là siège au Caire et non à Gaza. Le premier président de l’OLP, Ahmed Choukairy, ne dispose d’aucune reconnaissance internationale. Nasser l’impose dans les réunions de la Ligue arabe, en dépit de l’opposition du roi Hussein de Jordanie, guère pressé de voir se constituer une force politique des Palestiniens, majoritaires en son royaume. Tous les pays arabes s’accordent pour appeler, en paroles, à la libération de la Palestine, mais aucun n’envisage de confier la Palestine aux Palestiniens.
La paix relative, à peine perturbée par les incidents de frontière et les infiltrations de commandos en Israël, semble destinée à durer. En 1967, les Etats-Unis sont enlisés dans la guerre du Vietnam et d’abord préoccupés par la stabilité de l’Amérique latine. Depuis la construction du barrage d’Assouan, Nasser est devenu un allié de l’URSS. Son armée est équipée d’armes soviétiques et formée par des officiers de l’armée Rouge. La Syrie et l’Irak sont aussi devenus des protégés de Moscou, ce qui permet, au passage, de tenir en respect la Turquie, porte-avions de l’Otan. Mais une guerre de plus aggraverait le risque d’un affrontement direct avec les Etats-Unis.
Cette guerre dont nul ne veut devient pourtant inéluctable au printemps 1967.
(…)
>>> Retrouvez l’intégralité de cet article dans le numéro de Marianne en kiosques
Il est également disponible au format numérique en vous abonnant ou au numéro via et
Powered by WPeMatico
This Post Has 0 Comments