Les médias l’ont surnommé « le mini-Kerviel ». À l’origine d’un « incident de marché » de 751 millions d’euros à la Caisse d’épargne, l’ex-trader Boris Picano-Nacci revient sur ce monde d’hubris – dans lequel il a lui-même versé -, où les patrons incitent à prendre toujours plus de risques, pour empocher toujours plus de profits puis saisissent la justice dès qu’il y a de la casse.
Il ne porte plus sa très chic paire de Weston mais de simples baskets en toile. La métamorphose saute aux yeux dès qu’il franchit l’entrée de ce café branché parisien : il n’est plus le même. Une photo le montrait en 2012 en costard-cravate de jeune loup de la finance et voilà qu’il apparaît en ce doux matin d’automne 2016, poilu comme un hipster, la chemise délavée. On s’étonne de sa mue : « Ça doit être la barbe et les quelques kilos en moins », souligne Boris Picano-Nacci en tâtant sa joue poivre et sel jadis remplumée par les déjeuners chez le chef étoilé Guy Savoy. Aujourd’hui, « BPN » commande une salade de poulpe et se met à table dans un récit captivant, Regarde le trader tomber (Presses de la Cité). Le trader, c’était lui.
« BPN », ces initiales ne vous disent peut-être rien mais il suffit de taper son nom dans Google pour que surgisse le « mini-Kerviel de la Caisse d’épargne ». « Mini » en raison de la « mini » perte, une bagatelle de 751 millions d’euros – 150 millions de perte sèche, et plus de 600 millions pour le débouclage des positions – que la Caisse d’épargne lui reproche d’avoir causée en 2008. Alors que Jérôme Kerviel, l’ex-trader de la Société générale, a été sommé en 2010 de payer 4,9 milliards d’euros de dommages et intérêts, Boris Picano-Nacci a été condamné en 2013 par le tribunal de Paris à verser 315 millions à son ancien employeur et à deux ans de prison avec sursis.
C’est à l’automne 2008, en plein chaos financier, que se produit l’« incident de marché » qui torpille sa carrière. Aux Etats-Unis, Lehman Brothers vient de faire faillite et les places boursières s’affolent. BPN a 32 ans. Du bagou, des diplômes (deux DEA, l’un en maths appliquées à Dauphine, l’autre en finance à la Sorbonne) et de l’ambition. Sûr de lui, trop sans doute, le jeune trader gère son portefeuille – son « book », dans le jargon anglo-snobinard – en brassant des millions dans un monde où des premiers de la classe d’à peine 30 ans peuvent piloter des équipes de trading pour un continent entier. Le 8 octobre 2008, BPN roule des mécaniques au téléphone avec son courtier : « Putain, si on réalise 35 d’ici à la fin de l’année, je serai un sacré cador ! J’ai pris des positions dangereuses, hier, les plus dangereuses de ma vie… Mais, si ça passe, je serai le King of Paris ! »
(…)
>>> Retrouvez l’intégralité de cet article dans le numéro de Marianne en kiosques
Il est également disponible au format numérique en vous abonnant ou au numéro via et
Powered by WPeMatico
This Post Has 0 Comments