Hollande "on" contre Hollande "off" : les multiples contradictions du président

Le téléscopage entre la grande interview accordée par le président de la République à « l’Obs » et la publication de nouvelles confidences à des journalistes dans un ouvrage fait apparaître un François Hollande qui ne sait pas toujours où il habite.

Comme par hasard ! Mercredi 12 octobre paraissait Un président ne devrait pas dire ça… (Stock), un nouveau livre plein de croustillantes confidences de François Hollande, signé des journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme. Le même jour, l’Obs publiait une (très) longue interview du chef de l’Etat, dans laquelle il défend bec et ongles sa politique et se dit « prêt » pour 2017. Le problème, c’est que la concomitance de ces propos soigneusement relus et lissés avec des confidences glissées pendant quatre ans au cours de 61 entretiens fait apparaître quelques savoureuses contradictions…

 Il est de gauche… mais il aimait bien le CPE

« Je suis de gauche. J’ai mené une politique de gauche », martèle François Hollande dans l’Obs, tout en fustigeant la droite qui « met en cause notre modèle social » et dont le programme consisterait « à revenir sur des droits et des principes qui ont mis des décennies pour être conquis et acquis ». Pourtant, à lire le livre de nos confrères, il est une mesure de droite qui trouve grâce à ses yeux, alors que la gauche l’a pourtant vigoureusement combattue en 2006 : le très polémique contrat première embauche (CPE). « Ce n’était pas absurde, notamment pour les jeunes, de dire : On va simplifier les procédures de rupture », lâche François Hollande. Mais il est « de gauche », hein.

 Il fustige le Medef… mais trouve que Gattaz est « un bon bougre »

Interrogé par l’Obs sur le chômage, François Hollande raille « le Medef qui parlait d’un million d’emplois (…) avec badges et calicots ! Pour les ranger aussi vite dans ses armoires dès qu’il a été mis devant sa responsabilité. » Une référence au slogan martelé par Pierre Gattaz en échange du pacte de responsabilité, qui a allégé les charges des entreprises. Dans Un président ne devrait pas dire ça…, François Hollande juge pourtant que le patron du Medef n’est « pas un mauvais bougre » et qu’il est juste un peu « lourd ». A en croire le livre, François Hollande a même demandé à Gattaz de l’aider à faire passer la loi Travail auprès de la droite !

 Il est contre la déchéance de nationalité… mais ne regrette pas de l’avoir proposée

François Hollande l’a affirmé à Gérard Davet et Fabrice Lhomme : à titre personnel, il est contre la déchéance de nationalité. Mais lorsque l’Obs lui demande des comptes sur la polémique qui a enflammé le gauche pendant plusieurs mois après les attentats de novembre 2015, le chef de l’Etat s’entortille dans des explications sans fin. Il reconnaît que la déchéance de nationalité n’a « aucune valeur dissuasive » et explique qu’elle s’inscrivait « dans un plan d’ensemble pour unir le pays ». Mais regrette-t-il personnellement d’avoir pris la décision d’une réforme constitutionnelle sur le sujet ? Sa réponse en forme d’esquive est exempte de mea culpa : « Je regrette que la gauche l’ait regardée comme une mesure qui pouvait diviser. Je regrette que l’opposition en ait fait un sujet de surenchère politique. »

 Il critique la droite dure et le FN… mais trouve qu’il y a trop d’immigration

Tout au long de son entretien à l’Obs, François Hollande n’a pas de mots assez durs contre « le populisme, le souverainisme, l’extrémisme ». Alors que les scores du Front national ne se sont jamais aussi bien portés que sous son quinquennat, le président rétorque : « Sur quel thème progresse-t-il ? Essentiellement sur celui de l’immigration et de la peur de l’islam. Qu’attend-on de moi ? Que je coure derrière les thèses du Front national pour l’empêcher d’accéder au pouvoir ? Ce serait un reniement. » Pourtant, François Hollande donne raison à une partie de la droite et au FN lorsqu’il confie à Davet et Lhomme : « Je pense qu’il y a trop d’arrivées, d’immigration qui ne devrait pas être là », ou encore lorsqu’il admet qu’« il y a un problème avec l’islam ».

 Il attaque tous les candidats de droite… mais seul Sarkozy l’obsède

Dans l’Obs, François Hollande prend garde à mettre les candidats à la primaire de la droite sur le même plan. Pour lui, ils ont « tous le même programme », celui de « la revanche, la réaction et la régression ». Pas d’attaque personnelle, pas de cible particulière. Mais le nouveau livre de confidences du chef de l’Etat fait apparaître une claire obsession pour Nicolas Sarkozy. Il raille ce « lapin Duracell, toujours en train de s’agiter », critique « sa grossièreté, sa méchanceté, son cynisme », fustige « cette espèce d’appât de l’argent » qui caractériserait son prédécesseur. Et pourtant, Hollande est loin d’enterrer son rival. A propos de la primaire à droite, il risque ce pronostic en août 2015 : « Normalement, cela devrait être Sarkozy. » Ce qui tend à confirmer que François Hollande rêve d’un match retour de 2012, peut-être sa seule chance de rempiler pour cinq ans à l’Elysée.

 

Powered by WPeMatico

This Post Has 0 Comments

Leave A Reply