Surfant sur l’ambiguïté d’une phrase attribuée à François Hollande par les journalistes Fabrice Lhomme et Gérard Davet dans leur livre paru cette semaine, plusieurs membres de l’opposition accusent le Président de souhaiter qu’un jour le symbole de la République soit une femme voilée. Or, il dit tout le contraire…
« La femme voilée d’aujourd’hui sera la Marianne de demain. » Prise seule, cette saillie de François Hollande, que les journalistes Fabrice Lhomme et Gérard Davet rapportent dans leur ouvrage paru cette semaine (Un président ne devrait pas dire ça…), fait bondir. Et l’opposition ne s’en prive pas, accusant en choeur, depuis sa révélation ce mardi, le chef de l’Etat d’avoir renoncé face à l’islamisation de la France. Première à dégainer, la porte-parole du parti Les Républicains Brigitte Kuster : « On aimerait avoir mal lu, s’insurge-t-elle dans un communiqué. Quelle est cette indécente provocation ? (…) Une telle déclaration met à mal la République dont il est censé être le garant. »
Dans son sillage, de nombreuses autres personnalités politiques de droite ont fait savoir leur indignation. Sur Twitter, le candidat à la primaire Bruno Le Maire proclame que « hier comme demain, Marianne ne sera jamais voilée ! » Le député-maire des Alpes Maritimes Lionnel Luca, qui s’est vu annuler cet été son arrêté anti-burkini, déplore : « Quel aveu de renoncement ». « En France, nous refusons la soumission des femmes à la régression », lance encore Guillaume Larrivé, député de l’Yonne et proche de Nicolas Sarkozy. Lydia Guirous, autre sarkoziste, dénonce quant à elle le « clientélisme », le « communautarisme » et « le mépris de l’égalité homme-femme » de François Hollande, assénant : « Hollande se dévoile et voile Marianne ».
Tonalité similaire du côté du Front national. Pour son vice-président Louis Aliot, François Hollande part « à la pêche de l’électorat religieux extrémiste ». Le compagnon de Marine Le Pen prédit également un « grand remplacement électoral pour la gauche ». Karim Ouchikh, conseiller de la candidate frontiste, affirme de son côté que « face à l’islam, Hollande incarne le renoncement », préférant « subir plutôt que sévir ».
Le problème, c’est que ces critiques portent… sur une version tronquée des propos de Hollande. Pour s’en convaincre, il suffit de lire la citation dans son entier :
« La femme voilée d’aujourd’hui sera la Marianne de demain. Parce que, d’une certaine façon, si on arrive à lui offrir les conditions pour son épanouissement, elle se libérera de son voile et deviendra une Française, tout en étant religieuse si elle veut l’être, capable de porter un idéal. Finalement, quel est le pari que l’on fait ? C’est que cette femme préférera la liberté à l’asservissement. Que le voile peut être pour elle une protection, mais que demain elle n’en aura pas besoin pour être rassurée sur sa présence dans la société. »
Dire, à la lecture de son raisonnement, que François Hollande acte l’islamisation de la France en acceptant de voir un jour Marianne ornée d’un voile, relève donc de la mauvaise foi…
D’ailleurs, face à ce mic-mac, Fabrice Lhomme a tenu a apporter des précisions ce mercredi 12 octobre. « François Hollande est un optimiste, a-t-il expliqué au micro de RMC. Certes, il estime qu’il y a un problème avec l’islamisme radical, notamment dans les banlieues, et qu’il y a un problème avec le voile. Mais son espoir – sa conviction, même ! –, c’est que la femme qui, aujourd’hui, porte le voile et est tentée par un islamisme radical deviendra demain une bonne républicaine, une Française comme les autres. De cette façon, elle sera dévoilée et deviendra Marianne. »
Qu’importe, d’aucuns tentent de prolonger l’intox. Ce mercredi 12 octobre encore, sur les ondes de Radio Classique, le président par intérim de LR, Laurent Wauquiez, ne s’en est pas privé, avec les précautions minimales : « S’il a dit ça, c’est que François Hollande n’était pas taillé pour le costume de président. La Marianne voilée, c’est la République bâillonnée. (…) On a auto-intégré qu’on allait brader les symboles les plus forts de la République, c’est-à-dire cette femme, incarnation de la liberté, adoptée au lendemain de la Révolution française. Ce symbole-là, on est prêt à le troquer contre le symbole de l’islam politique. Les bras m’en tombent. » Les yeux aussi, manifestement…
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