La petite musique se fait entendre ces dernières semaines à gauche : aller voter à la primaire de la droite fin novembre. L’économiste Thomas Piketty envisage d’en faire partie, au moins au second tour. Il a expliqué pourquoi sur France Inter ce mercredi.
Voilà qui devrait toujours plus ravir Alain Juppé et faire enrager Nicolas Sarkozy… ou fournir de nouveaux arguments à ce dernier pour crier au « vol » de la primaire de droite par la gauche. Invité de France Inter ce mercrdi 12 octobre, l’économiste Thomas Piketty, soutien de François Hollande en 2012 ayant largement pris ses distances depuis, explique envisager de se déplacer à cette primaire, du moins au second tour, s’il existe un risque de voir Nicolas Sarkozy être sélectionné pour la présidentielle.
Interrogé sur son éventuelle intention d’aller voter, il répond :
« Je ne l’exclus pas complètement, j’attends de voir comment va se dérouler le débat et qui sera au deuxième tour.
Et j’espère que les électeurs de droite auront l’intelligence de ne pas mettre Sarkozy au deuxième pour qu’on n’ait pas à se déplacer. Mais si le scrutin est serré et qu’il y a un risque de se retrouver à nouveau avec un quinquennat Sarkozy, je pense qu’on aurait tort de se priver de ce droit. Les valeurs républicaines de la droite et du centre, en principe ce sont liberté, égalité et fraternité (…).
Je ne l’exclus pas mais je vais y réfléchir et je vais les écouter d’ici là ! »
Interrogé quelques minutes auparavant sur le candidat de la droite qui lui semblerait le « plus social« , l’auteur de Le Capital au XXIe siècle avait répondu :
« Le plus social ce n’est pas clair, on a des candidats plus ou moins violents face aux populations d’origine immigrées, de confession musulmane. Sarkozy essaie de se positionner comme extrêmement violent dans cette confrontation identitaire et Juppé comme moins violent. Maintenant sur le plan fiscal, social, économique, très franchement, ils se ressemblent tous beaucoup et sont tous assez violents, ils ont une approche assez martiale de l’économie. On retourne à une recette thatchérienne de 1986 sauf que trente ans plus tard, je pense que l’époque est différente. »
Selon l’étude la plus récente et la plus solide sur le sujet, 10% des électeurs certains d’aller voter à la primaire de la droite sont en réalité de gauche. Un chiffre égal à celui du nombre d’électeurs d’extrême droite souhaitant eux aussi s’y déplacer. Nicolas Sarkozy et son entourage n’ont pourtant de cesse de répéter qu’il existe un risque de « vol » de la primaire uniquement par les électeurs de gauche, traitant par avance ces derniers de « parjures« . Quant à Alain Juppé, qui n’a pas hésité à appeler les « déçus du hollandisme » à s’exprimer lors de cette échéance électorale, il est accusé de haute « trahison » par l’ancien président. Dans les rangs sarkozistes, on imagine même que ce hold-up de la primaire par la gauche pourrait servir de prétexte pour contester des résultats négatifs le soir du vote. Thomas Piketty vient sans doute d’apporter de l’eau à leur moulin.
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