Alors que la campagne de l’ancien chef de l’Etat marque le pas, certains de ses soutiens laissent délibérément planer le doute sur la légitimité du scrutin en cas de participation d’électeurs de gauche.
« Je commence à envisager la défaite », confie une petite main de la campagne de Nicolas Sarkozy. « Je pensais que notre entrée en campagne aurait un effet immédiat, mais je me suis trompé : Juppé a bien résisté », renchérit un député du premier cercle, déçu. Pris dans la tourmente des affaires, dézingué dans un livre par son ex-conseiller Patrick Buisson, l’ancien chef de l’Etat voit Alain Juppé creuser un peu plus l’écart dans les sondages sur la primaire de la droite. Les sorties sur les Gaulois, la promesse de référendums en rafale ou les piques lancées au « petit Paris mondain » et « son panier en osier » ne parviennent pas à relancer une campagne qui s’essouffle. Alors chez Sarkozy, « c’est un peu panique à bord », comme l’a raillé Alain Juppé dans l’Emission politique jeudi dernier. Au point que, selon nos informations, certains cadres de l’équipe de campagne songent déjà à des moyens de contester le scrutin en cas d’afflux d’électeurs de gauche.
Depuis deux semaines, c’est en effet la marotte de Nicolas Sarkozy, qui tourne en boucle sur les déclarations de Juppé appelant les « déçus du hollandisme » à voter à la primaire (pour lui, cela va sans dire). Les sondages chiffrent autour de 10% la proportion de sympathisants de gauche susceptibles de participer au scrutin. Suffisant pour que l’ancien président, tout en modération, accuse le maire de Bordeaux de « trahison » et traite à l’avance de « parjures » ces éventuels électeurs stratèges.
En petit comité, un sarkoziste balaie pourtant le scénario publiquement redouté par son patron : « C’est absolument surréaliste, je n’y crois pas une seconde. Déjà que les gens de droite auront du mal à s’afficher ouvertement ! » Mais d’autres soutiens laissent planer le doute sur la légitimité de la primaire. Rachida Dati a soulevé rien moins qu’« un problème institutionnel », ce mardi 11 octobre sur LCI : « C’est la primaire d’un camp ou est-ce que ça devient le premier tour des élections présidentielles ? Il ne faut quand même pas se tromper d’élection. » Un autre grognard, Christian Estrosi, prévenait déjà la veille : « Je ne voudrais pas qu’on nous vole cette élection. »
Une manière de préparer le terrain dans le cas où Nicolas Sarkozy perdrait d’une courte tête ? Jean-François Copé, autre candidat à la primaire, ne s’est pas privé d’émettre l’hypothèse, dimanche sur C8 : « Il ne s’agit pas que ça serve de prétexte pour contester le résultat final » car « ça serait pire que tout ». Le député-maire de Meaux parle en connaisseur, lui qui reste plombé par le psychodrame Copé/Fillon, parti de la contestation des résultats de l’élection pour la présidence de l’UMP en 2012. Mais un pilier de la campagne de Nicolas Sarkozy est sceptique. Pour lui, l’équipe de l’ex-président s’inclinera devant le résultat. « Ils ne contesteront pas. Ils ont trop envie que le candidat de droite, quel qu’il soit, gagne la présidentielle et les nomme au gouvernement. » Quant à Sarkozy, « il ne sera pas mesquin, il fera le geste qu’il faut », assure-t-il. « Mais qu’on ne lui demande pas de venir aux meetings ! » Pour la droite, assembler le puzzle post-primaire s’annonce ardu. A supposer que le scrutin se passe sans accroc…
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