Alors que l’attaque de Viry-Châtillon samedi suscite l’effroi et la colère dans la profession, un rapport révèle ce mardi que le nombre de policiers blessés dans le cadre de leur mission a baissé entre 2014 et 2015. Mais sur le long terme, la tendance est à une nette aggravation, encore accélérée cette année.
Des chiffres qui confirment le malaise des policiers. L’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) a dévoilé ce mardi 11 octobre un rapport sur le nombre de fonctionnaires de police blessés en 2015. Si l’on s’en tient aux blessures subies au cours d’une mission (par arme ou non, mais qui excluent par exemple les accidents de transport ou au sport), elles ont diminué de 2,7% en un an, pour s’établir à 5.674.
Toutefois, la tendance sur le long terme est beaucoup moins réjouissante… En 2007, on recensait 4.361 blessures d’agents en mission. Ce qui équivaut, en neuf ans, à une hausse de 30%. Une augmentation qui est restée quasi constante (4.910 en 2011) et qui s’est même accélérée depuis le début de l’année en cours. En effet, la direction générale de la police nationale (DGPN) a pour sa part rendu publics ce mardi les premiers chiffres pour l’année en cours : 3.267 fonctionnaires de police ont été blessés en mission depuis janvier 2016. Soit une augmentation de 14% par rapport à la même période de 2015. Selon la DGPN, cette hausse s’explique notamment par le nombre important de policiers blessés à Calais ou lors des manifestations contre la loi Travail, lors desquelles les policiers avaient déjà manifesté leur ras-le-bol de la « haine anti-flics ».
Cette fois, ces nouveaux chiffres tombent quelques jours seulement après l’attaque au cocktail Molotov qui a visé quatre policiers samedi à Viry-Châtillon, dans l’Essonne. Ce mardi, un adjoint de sécurité de 28 ans se trouve toujours entre la vie et la mort. Il ne doit la vie qu’à l’intervention du collègue qui l’accompagnait lors de sa mission de surveillance dans la cité de la Grande-Borne. L’homme – qualifié de héros par Manuel Valls – avait extirpé l’adjoint de sécurité du véhicule embrasé volontairement, avant de s’allonger sur lui pour éteindre le feu qui consumait ses vêtements. « Quand nous venons à Grande-Borne, témoigne-t-il dans Le Parisien, nous savons que nous pouvons être caillassés et que nous allons recevoir des cocktails Molotov. Mais on ne s’attendait pas à ce qu’ils viennent au contact de nos portières et qu’ils veuillent nous tuer. »
Dans ce contexte ultra-tendu, le syndicat policier Alliance appelle à une « grève du zèle ». Les policiers sont ainsi invités à ne traiter que les interventions urgentes et à limiter les initiatives personnelles durant leurs patrouilles. Pour Frédéric Lagache, le secrétaire général adjoint d’Alliance, il s’agit de ne pas gaspiller d’énergie dans des tâches secondaires et de concentrer l’action policière sur l’essentiel. « Trop d’agresseurs sont relâchés sans sanctions pénales ou avec de simples aménagements de peines, estime-t-il. Nous voulons nous concentrer sur notre cœur de métier, l’interpellation, la lutte contre le crime, et ne plus perdre d’énergie avec la gestion des gardes statiques, les transferts de détenus ou la protection de caméra. D’autant que, dans l’Essonne, il manque au moins 260 policiers. » La durée de cette grève du zèle n’a pas été précisée. En signe de soutien à leurs collègues blessés, des policiers se sont rassemblés ce mardi devant les commissariats de plusieurs villes françaises.
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