Dans le dernier ouvrage des journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme, François Hollande se lâche sur l’islam et l’immigration. Pour la première fois, le Président assume des positions clairement proches de celles déjà portées par son Premier ministre, Manuel Valls.
Quelle est votre position sur l’islam ? Il va falloir s’habituer à cette question brute, qui ne manquera pas d’être posée à tous les candidats à l’élection présidentielle jusqu’en avril prochain. La réponse apportée par François Hollande dans Un président ne devrait pas dire ça…, le dernier ouvrage des journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme (Stock), a de quoi suprendre. Le Président y prend des positions proches de celles soutenues de longue date par son Premier ministre Manuel Valls.
« Il y a un problème avec l’islam« , assène le chef de l’Etat, interrogé par les deux journalistes, selon l’Express qui diffuse ce mardi 11 octobre les bonnes feuilles du livre. « Parce que l’islam demande des lieux, des reconnaissances« , poursuit-il. Et de développer son propos :
« Ce n’est pas l’islam qui pose un problème dans le sens où ce serait une religion qui serait dangereuse en elle-même, mais parce qu’elle veut s’affirmer comme une religion dans la République. Après, ce qui peut poser un problème, c’est si les musulmans ne dénoncent pas les actes de radicalisation, si les imams se comportent de manière antirépublicaine…«
Le chef de l’Etat prend soin de préciser qu’il ne vise pas l’islam en tant que dogme mais bien la pratique de cette religion en France. Des propos qui rappellent la phrase de Jean-Pierre Chevènement qui conseillait en août dernier aux musulmans une certaine « discrétion ». Position alors appuyée par Manuel Valls. Dans La Provence le 16 août dernier, le Premier ministre avait ainsi affirmé souhaiter que l’islam, « comme les autres religions l’ont fait, accepte la discrétion dans la manifestation des convictions religieuses ».
Jusqu’à présent, François Hollande campait quant à lui sur une position médiane, comme le 8 septembre dernier à l’occasion du discours de Wagram au cours duquel il avait réfuté à la fois « la provocation qui attise » et « la stigmatisation qui blesse ». Sur le plan théorique, il se rapproche donc cette fois des tenants d’une laïcité ferme. Politiquement, le chef de l’Etat choisit donc l’option Valls plutôt que l’option Macron. Le 30 septembre dernier, le fondateur d’En Marche avait affirmé dans les colonnes de Marianne que « la laïcité n’a pas vocation à promouvoir une religion républicaine ».
Dans ce livre, François Hollande clame aussi sa croyance dans le modèle républicain français, capable selon lui d’intégrer les musulmanes qui aujourd’hui portent le voile. « La femme voilée d’aujourd’hui sera la Marianne de demain« , lance-t-il, avant de préciser :
« Si on arrive à lui offrir les conditions pour son épanouissement, elle se libérera de son voile et deviendra une Française, tout en étant religieuse si elle veut l’être, capable de porter un idéal. Finalement, quel est le pari que l’on fait ? C’est que cette femme préférera la liberté à l’asservissement.«
Une intégration à la communauté nationale par la promesse d’une émancipation personnelle, en somme. Au passage, François Hollande semble considérer que la femme voilée n’est pas vraiment « une Française ».
Sur l’immigration aussi, le chef de l’Etat affirme des positions proches de celles développées par Manuel Valls, favorable à des quotas d’immigration depuis 2008 :
« Je pense qu’il y a trop d’arrivées, d’immigration qui ne devrait pas être là.«
Le Président ne s’était jamais montré si tranché dans son expression. En décembre 2014, il avait prononcé un discours au musée national de l’histoire de l’Immigration. « Il ne faut rien ignorer des tensions et notamment être ferme sur l’immigration clandestine« , expliquait-il, mais en rappelant immédiatement la nécessité d' »agir pour intégrer l’immigration régulière« .
Dans Un président ne devrait pas dire ça…, François Hollande explique enfin qu’il votera pour Nicolas Sarkozy si celui-ci est opposé à Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle de 2017. « S’il fallait appeler à voter Sarkozy, on le ferait (…) J’irais, pour voter contre Le Pen« , confie le chef de l’Etat.
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