Marisol Touraine a annoncé ce 11 octobre que le forfait de remboursement de sevrage tabagique allait passer à 150 euros pour tous les fumeurs souhaitant arrêter. Une mesure qui divise les associations luttant contre le tabagisme.
« Ce que je vous annonce aujourd’hui, c’est que le forfait de prise en charge de toutes les méthodes de sevrage tabagique sera porté à 150 euros par an, pour tout le monde ». Invitée de Jean-Jacques Bourdin ce mardi matin sur BFMTV et RMC, la ministre des Affaires sociales et de la Santé Marisol Touraine a présenté son nouvel outil de lutte contre le tabagisme. Alors que les premiers paquets neutres commencent tout juste à être distribués par les buralistes, le gouvernement souhaite inciter les consommateurs à stopper leur consommation en favorisant l’accès aux méthodes de sevrage (médicaments d’aide à l’arrêt, substituts nicotiniques, thérapies de groupe ou individuelles…). Jusqu’ici réservé exclusivement aux femmes enceintes, aux malades et aux jeunes de 20 à 25 ans, le remboursement annuel forfaitaire de 150 euros des dépenses liées à ces méthodes de sevrage va être élargi au reste des consommateurs, pour lesquels il n’était que de 50 euros. Cette mesure, prise en charge par l’Assurance maladie, est présentée dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour l’année 2017, qui prévoit également une hausse des taxes sur le tabac à rouler à hauteur de 15%.
Ce renforcement du dispositif anti-tabac souhaité par la ministre est toutefois très loin de convaincre l’association d’aide au sevrage tabagique Tabac&Liberté. « Je n’y crois pas du tout, ça ne va servir à rien, réagit d’emblée son président, Pierre Rouzaud, auprès de Marianne. Marisol Touraine fait une politique à la Janus : d’un côté elle dit qu’elle lutte contre le tabac, et de l’autre elle fait tout pour préserver le tabagisme, puisqu’elle n’a pas fait d’augmentation de prix conséquente. Depuis que Marisol Touraine est en place, le taux de tabagisme s’est d’ailleurs maintenu à 33%, pourquoi voulez-vous que cela change ? ».
Qu’attend-t-il alors des autorités publiques ?
« Qu’elles instaurent le remboursement intégral des frais liés aux aides pour arrêter de fumer. Le diabète bouche les artères, et les médicaments contre le diabète sont pris en charge à 100%. Le tabac bouche aussi les artères, alors pourquoi ça ne marche pas pareil ? Ce que nous attendons également, c’est que Marisol Touraine arrête de lutter contre la cigarette électronique. C’est un vrai outil de sevrage efficace, mais Marisol Touraine ne veut pas le reconnaître ».
Le président du Comité national contre le tabac (CNCT), le professeur Yves Martinet, tient lui à défendre l’action menée par la ministre :
« C’est bien que le gouvernement fasse un effort. Le remboursement des traitements liés à la dépendance au tabac est quelque chose d’urgent, et cela améliore clairement la prise en charge des patients fumeurs. Il faut savoir que, de plus en plus, ce sont les classes socio-économiques qui fument, et quand ils voient le prix des traitements pour arrêter, ils renoncent souvent. »
Yves Martinet en profite pour dénoncer la passivité dont font preuve les industriels : « Actuellement, ce ne sont pas les pouvoirs publics qui traînent mais plutôt l’industrie pharmaceutique, puisqu’aucun fabricant de substitut nicotinique n’a encore demandé une autorisation de mise sur le marché (AMM). Au moment où ce sera fait, tout le monde sera content et la Caisse nationale de l’Assurance maladie remboursera les traitements. Dans l’état actuel des choses, Marisol Touraine pouvait difficilement faire plus ».
78 000 personnes meurent chaque année en France des conséquences du tabagisme, selon les conclusions d’une étude publiée l’an dernier dans The European Journal of Public Health.
Powered by WPeMatico
This Post Has 0 Comments