Toujours plus distancé dans les sondages par Alain Juppé, Nicolas Sarkozy veut distiller l’idée que s’il n’est pas choisi fin novembre lors de la primaire de la droite, beaucoup se déporteront vers Marine Le Pen… Le « vote utile » comme argument de la dernière chance.
« Je vous préviens, si Nicolas Sarkozy n’est pas élu, vous allez avoir des surprises ! » Marie-Anne Montchamp assaisonne la presse quelques minutes avant le début du meeting de ce 9 octobre et annonce la couleur. S’il est un peu tôt pour parler de meeting de la dernière chance, les sarkozystes, réunis au Zénith de Paris ce dimanche, jouent désormais la carte du vote utile face au péril frontiste. « Si on ne contient pas la colère du peuple, il n’y aura plus de limite en 2017 », ajoute l’ancienne ministre, persuadée qu’une défaite de l’ancien président fera glisser dans le camp de Marine Le Pen toute une partie des sympathisants de Nicolas Sarkozy. « De 30 à 35% des sympathisants de Nicolas Sarkozy pourraient se déporter sur Marine Le Pen », assure un conseiller, bien conscient des difficultés rencontrées par l’ancien chef de l’Etat, chaque jour plus distancé par Alain Juppé dans les sondages.
Force est de constater, en visitant les travées du Zénith, que de nombreux militants présents ici vérifient la thèse de nos interlocuteurs: « si c’est Juppé, je vote FN », nous assure Irène, une militante du 15e arrondissement de Paris. Elise, 74 ans, tient la permanence LR de Nîmes depuis plusieurs années et se montre un peu inquiète: « moi, je ne voterai ni Juppé ni Marine Le Pen, mais autour de moi, c’est assez clair: vendredi à la permanence, tout le monde disait qu’ils ne voteraient pas Juppé ! » C’est donc bien la carte du vote utile face à Marine Le Pen que tente d’abattre aujourd’hui Nicolas Sarkozy, confronté à des sondages toujours moins flatteurs: « Ce qui est dangereux, c’est de ne pas voir la contestation sourde qui monte » lance-t-il en tribune en référence aux électeurs de Marine Le Pen.
Un argument du vote utile qu’il partage d’ailleurs avec… Jean-Christophe Cambadélis. Inquiet de voir des électeurs de gauche participer à l’élection d’Alain Juppé à la primaire – un candidat bien plus difficile à battre pour le candidat de gauche que Nicolas Sarkozy – le premier secrétaire du PS tient le même raisonnement : « Alain Juppé à la primaire, c’est Marine Le Pen aux législatives…«
Le Sarkozy d’octobre 2016 fait furieusement penser à celui d’avril 2012.
Les partisans de Sarkozy, eux, tentent de se convaincre en s’accrochant à la présence de plus de 5 000 personnes dans la salle. A les en croire, la dynamique militante est de leur côté. Force est de constater que nombre de militants présents ici sont venus de province et n’en sont pas à leur première réunion publique dans cette campagne… Le noyau dur est là, bien là, les électeurs un peu moins. Vendredi soir, au JT de France 2, l’ancien chef de l’Etat a tenté le tout pour le tout en proposant un double référendum aussitôt élu, sur l’enfermement des terroristes potentiels et la suspension du regroupement familial. Dans son discours, Nicolas Sarkozy a également éreinté comme à son habitude « le Petit Paris mondain », celui qui « va acheter ses oeufs dans son panier en osier chez la fermière» contre le peuple de France qu’il souhaite représenter. Tout à ses attaques contre l’élite « bien pensante » et les médias, le Nicolas Sarkozy d’octobre 2016 fait en fait furieusement penser à celui d’avril 2012.
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