Que l’école n’apporte plus aux nécessiteux ce que les autres trouvent dans leur berceau résulte de trente ans de réformes permanentes.
L’école offre le spectacle d’une catastrophe au ralenti. L’écroulement commence à être reconnu, parfois compris, mais personne ne semble pouvoir l’arrêter. Le dernier rapport du Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) constitue une nouvelle étape de ce paradoxe. Il récuse les explications habituelles de l’inégalité scolaire (la faute de l’enseignement privé, des inégalités sociales ou de la stratégie des parents) au profit d’une terrible conclusion : les réformes éducatives ont renforcé les inégalités de naissance au lieu de les réduire.
Déjà contraint d’admettre la baisse du niveau après l’avoir longtemps masquée, le ministère reconnaît le rôle négatif des zones d’éducation prioritaire (ZEP) lancées en 1981. Le Cnesco montre que les fameux «moyens» supplémentaires accordés (1,3 milliard d’euros annuels) «constituent une fin en soi», l’institution se désintéressant de leur usage. Ils se traduisent souvent par des enseignants débutants, parfois des recalés aux concours recrutés comme ces contractuels auxquels le rectorat de Créteil remettait l’année dernière un «guide pédagogique» de trois pages leur recommandant de «s’exprimer dans un français correcte» (sic).
Les enseignants de ZEP consacrent tant de temps pour «l’instauration et le maintien d’un climat favorable» (se faire entendre au milieu de la foire), qu’il ne leur reste que 2h30 d’enseignement sur les 4 heures de français hebdomadaire en troisième. Cela confirme les enquêtes Pisa établissant que l’autorité du maître est abaissée en France comme nulle part ailleurs, un collégien sur deux se disant «gêné par le bruit» parce que «les élèves n’écoutent pas ce que dit le professeur».
Que l’école n’apporte plus aux nécessiteux ce que les autres trouvent dans leur berceau résulte de trente ans de réformes permanentes.
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