Les derniers sondages donnant Alain Juppé vainqueur de la primaire de la droite n’arrangent pas les affaires des socialistes. Eux voyaient déjà leur candidat affronter Nicolas Sarkozy à la présidentielle dans un mauvais remake de 2012. Résultat, pour avoir une chance en 2017, le PS se lance à la rescousse de leur meilleur ennemi.
Le plan des solfériniens était presque parfait. Pour s’assurer une victoire à la présidentielle de 2017, rien de plus facile. Il suffit de trouver le bon punching-ball, suffisamment repoussant pour s’attirer les faveurs des Français. Plus besoin alors de parler du bilan des socialistes au pouvoir. Et quoi de mieux qu’un Nicolas Sarkozy sur le retour qui, malgré sa rupture avec Patrick Buisson, se droitise toujours plus dans sa tentative d’OPA sur les voix de l’électorat Front national.
Le candidat socialiste, dans une répétition de 2012, n’aurait plus qu’à jouer sur la corde anti-sarkoziste. Minimum d’efforts pour un maximum d’effets avec à la clé l’économie de devoir se justifier sur les choix durant le quinquennat passé. Mais une certaine fébrilité commence à monter dans le camp socialiste. Et pour cause, Juppé tient la route et sa popularité inquiète de plus en plus.
Et si l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac remportait la primaire de la droite ? Horreur et damnation ! Dans les sondages, le maire de Bordeaux confirme bien son avance sur Nicolas Sarkozy. Pis, selon les enquêtes d’opinion, les sympathisants de gauche, pour s’éviter un épisode de « retour vers le passé » avec un duel Hollande/Sarkozy, seraient même prêt à débourser 2 euros, signer la charte des valeurs de la droite et glisser un bulletin « anti-sarko » en faveur de Juppé lors de la primaire qui n’est pas censée les concerner.
Résultat, au PS, Hollandais comme anti-Hollandais se mobilisent pour inciter le « peuple de gauche » à se tenir éloigner le plus possible de la primaire de la droite et dézinguer Juppé.
Ainsi Gérard Filoche, candidat à la primaire de la gauche et membre de l’aile gauche du parti, a vertement tancé les possibles impétrants sur son compte Twitter : « Pas de nuance à faire ni à tolérer, nul de gauche ne doit voter aux primaires de droite ! Ce serait parjure et indignité ! »
Il y a quelques jours, dans les couloirs de l’Assemblée nationale, Bruno Le Roux, le patron du groupe PS à l’Assemblée nationale, passait de son côté sa consigne : « Je dis aux électeurs de gauche : laissez les électeurs de droite faire leur choix ! « .
Michel Vauzelle, l’ancien président PS de la région PACA, a, lui, ouvertement vendu la mèche : « Je suggère aux socialistes qui veulent voter Juppé à la primaire de voter Sarkozy pour que la gauche ait une chance à la présidentielle ». A la manière d’un Olivier Faure, député socialiste, qui nous glissait en souriant il y a quelques jours : « Vous savez, nous on brûle des cierges pour que ce soit Sarkozy ! »
Je suggère aux #socialistes qui veulent voter #Juppé à @InfoPrimaire de voter #Sarkozy pr que la #gauche ait une chance à la présidentielle
— Michel Vauzelle (@Vauzelle) 4 octobre 2016
Jusque-là, l’état major de Solférino n’était concentré que sur l’ancien président de la République. Jean-Christophe Cambadélis, jamais avare d’une vacherie, s’en donnait à cœur joie. Mais les récents sondages mettant au jour un Sarko distancé par Juppé, a changé la donne. L’ancien Lambertiste, bien conscient du danger, tape désormais sans retenu sur le favori de la primaire à droite.
.@alainjuppe et son « Je les emmerde! » nous fait une grosse rechute. Chassez le naturel…
— Jean-Chr. Cambadélis (@jccambadelis) 4 octobre 2016
.@alainjuppe s’y voit déjà! Allez circulez les emmerdeurs. La présidentielle c’est moi. Un peu court comme programme. #LEmissionPolitique
— Jean-Chr. Cambadélis (@jccambadelis) 7 octobre 2016
Réflexion d’un député socialiste exaspéré par « ces petits coups tactiques » :
« Ceux qui seraient tentés de donner un coup de pouce à Sarkozy parce qu’il est plus clivant se trompent lourdement. Sarkozy entraîne tout le débat politique sur le terrain identitaire et anti-social. Ce serait très risqué pour la gauche. Surtout que généralement, ce genre de tactiques se retournent toujours contre ceux qui les mettent en place ».
D’autant que ces « petits coups tactiques » ouvrent une étrange séquence politique où le PS, après pratiquement cinq années de désaccords constants, se rassemble et se met en en ordre de bataille… pour sauver le soldat Sarko.
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