Alain Juppé, c'est l’égalité malheureuse

Les électeurs de gauche qui seraient tentés d’aller voter Alain Juppé à la primaire de la droite pour faire battre Nicolas Sarkozy, ne doivent pas si tromper. Le programme de l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac est tout aussi libéral et anti social que celui de Nicolas Sarkozy.

Des électeurs de gauche envisagent de voter pour Alain Juppé à la primaire de la droite et du centre, et même à l’élection présidentielle.

Résignés à l’absence de la gauche au second tour de la présidentielle, ils veulent éviter Nicolas Sarkozy, qui les inquiète par son ton agressif et ses propos extrémistes.

Mais ils doivent être conscients qu’Alain Juppé n’a rien d’un homme de gauche. Son programme social n’est même plus d’inspiration gaulliste ni chiraquienne. C’est un programme aussi libéral et anti social que celui de Nicolas Sarkozy.

Il ne s’en est d’ailleurs pas caché sur France 2 jeudi soir.   

Il veut ainsi faire passer l’âge minimal de départ à la retraite de 62 à 65 ans. Les premiers touchés seront ceux qui auront commencé à travailler tôt et qui devront cotiser plus longtemps que les autres pour avoir leur retraite. Ainsi une personne ayant commencé à travailler à 18 ans devra cotiser 47 ans pour avoir droit à sa retraite. Or ceux sont qui ont commencé à travailler tôt sont aussi ceux qui exercent les métiers les plus pénibles et les moins bien payés.

Partant du postulat que les Français ne travailleraient pas assez, il veut aussi remonter la durée légale du travail de 35 à 39 heures. Mais en réalité les salariés français travaillent déjà 39 heures par semaine. La seule conséquence de cette mesure serait de supprimer la majoration du salaire au titre des heures supplémentaires pour les heures effectuées entre 35 et 39 heures. Il indique qu’en contrepartie ces heures seront défiscalisées, comme elles l’étaient sous Nicolas Sarkozy. Outre qu’il aberrant sur le plan économique de financer du pouvoir d’achat par de la dette publique, cette mesure ne bénéficiera de toute manière qu’aux salariés imposables à l’impôt sur le revenu. Là-aussi, les plus modestes y perdront.

Et sur la méthode, il entend procéder par ordonnances, c’est-à-à-dire sans débat au Parlement. Il n’a pas changé. Comme en 1995 ce serait la réforme par la brutalité.

Et il n’a pas non plus perdu son arrogance quand il trie entre ceux et celles qu’il peut prendre ou ne pas prendre comme premier ministre. Il se croit déjà élu, oubliant que ce ne sont pas les sondages qui choisissent le Président de la République, mais les électeurs.

Juppé/Sarkozy c’est blanc bonnet et bonnet blanc. N’oublions pas qu’Alain Juppé a été ministre de Nicolas Sarkozy à l’Environnement, à la Défense puis aux Affaires étrangères.

Que les électeurs de gauche qui veulent voter pour Alain Juppé y réfléchissent à deux fois. Ils risquent de le regretter amèrement. Ils devraient plutôt se mobiliser pour que la gauche soit présente au second tour de l’élection présidentielle. Il est encore temps.

Alain Juppé ce n’est pas que l’identité heureuse, c’est aussi l’égalité malheureuse.

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