C’est toujours un plaisir de lire Alain Duhamel et même, surtout, quand on est en désaccord avec lui…
A l’heure où une partie de notre classe politique s’empaille afin de savoir si l’identité française est heureuse ou malheureuse, voilà un livre – les Pathologies politiques françaises* – qui arrive au bon moment si tant est que l’on souhaite débattre, présenter de véritables enjeux politiques et non pas se jeter la vaisselle sale à la tête. Autant le dire d’entrée sans barguigner, c’est toujours un plaisir de lire Alain Duhamel et même, surtout, quand on est en désaccord avec lui. Parce que l’homme a une vaste culture, parce que ses ouvrages sentent l’encre et parce qu’avec le temps sa pensée s’est bonifiée, reposant sur l’idée que l’on peut être modéré avec passion.
Dans ce nouveau livre, Duhamel ausculte non pas de grands hommes, de grandes victoires ou de grandes défaites, mais le tempérament politique des Français. Il relève ainsi huit traits de caractère : l’inconstance, le déclinisme, l’égalitarisme, le nationalisme, le conservatisme, l’intellectualisme, l’extrémisme et la discorde. Glissons ici un léger désaccord. Le Dr Duhamel estime que «la France a été durant deux siècles le paradis de la politique». Or, il n’est pas certain que la vie politique en France commence avec la Révolution ; elle existe déjà au XVIe siècle, où se dessinent trois types de formations politiques : celle qui développe un esprit liguard, celle qui se veut légitimiste et, enfin, celle qui aspire au rassemblement.
Si la Révolution française prend tant de place, c’est aussi en raison de l’égalitarisme, cette passion triste. Cette dernière a, dès le début, dévoyé l’idée d’égalité en la transformant en une arme de revanche sociale et non de justice sociale. En brûlant les registres et les colombiers, on s’en est pris à des signes extérieurs de richesse et non pas aux mécanismes qui conduisaient à des inégalités. Duhamel a raison quand il évoque ce cruel paradoxe d’une nation assoiffée en théorie d’égalité et qui, dans le même mouvement, passe son temps à chercher comment ressusciter passe-droits et privilèges. Il entre bien ici de la pathologie. Raison aussi lorsqu’il évoque le déclinisme, la discorde et l’inconstance qui nous rongent et qui sont bien trois maladies nationales. Le déclinisme frappe toutes les classes sociales, toutes les sensibilités politiques même s’il s’épanouit, actuellement, à la droite de la droite. De Gaulle eut des passages déclinistes et Giscard d’Estaing a tenu un discours décliniste.
*Les Pathologies politiques françaises, d’Alain Duhamel, Plon, 238 p., 19,90 €.
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