L’audience du procès intenté par Jean-Marie Le Pen pour faire annuler son exclusion du FN et réclamer sa réintégration dans ses fonctions de Président d’honneur s’est tenue ce 5 octobre au Tribunal de Nanterre. L’occasion pour les avocats des deux parties opposées de raviver le conflit qui oppose le père et la fille. Jusqu’à la sortie de route, sous les yeux d’une foule de journalistes toujours aussi friands du spectacle du parricide.
Stupéfiante plaidoirie que celle de l’avocat du FN, Georges Sauveur, lors de l’audience du tribunal de Nanterre ce mercredi après midi. Il a peu ou prou démontré que l’exclusion de Jean-Marie Le Pen avait été mûrie depuis longtemps… ce que le conseil du « Menhir » cherchait exactement à démontrer, mais pour l’intérêt de son client !
Il répondait alors à la plaidoirie du conseil de Jean-Marie Le Pen, Frédéric Joachim, qui venait de réclamer au tribunal l’annulation de l’exclusion de son client prononcée le 20 août 2015.
Durant les 45 minutes imparties par la présidente du tribunal, Frédéric Joach a en effet expliqué que la sanction prise en août 2015 et censée être le résultat d’une délibération après audition du principal intéressé, Jean-Marie Le Pen, avait été décidée depuis longtemps déjà. Et que Marine Le Pen, absente de la réunion du Bureau exécutif ce jour-là pour cause de conflit d’intérêts, avait tout piloté depuis son bureau. En réalité, selon le défenseur du fondateur du FN, Marine Le Pen n’attendait qu’une occasion pour « planter un couteau dans le cœur de son père ». Alors que le jour de son élection à la présidence du FN, elle avait assuré dans son discours « accepter l’actif de son père comme le passif« .
Si Frédéric Joachim dit vrai, toute la justification juridique de l’exclusion s’écroule, autorisant l’avocat à moquer le parti qui aspire aux plus hautes fonctions : « Et ça veut gouverner la France, ça ? » a-t-il régulièrement ponctué sa plaidoirie, raillant l’amateurisme de la direction du parti, déjà condamné à deux reprises sur plainte de Jean-Marie Le Pen.
A cela, Georges Sauveur n’a rien trouvé de mieux à répondre qu’une recension des condamnations antérieures de Jean-Marie Le Pen. « On aurait dit l’avocat du MRAP » a ironisé le fondateur du FN à la sortie de l’audience. En clair, le conseil du FN a expliqué que si Marine Le Pen avait décidé de pousser son père vers la sortie, c’est qu’elle ne supportait plus ses dérapages. Comme si la coupe avait débordé après s’être peu à peu remplie de toutes sortes de désaccords. Bref, en quelques phrases, l’avocat du FN a démontré qu’il s’agissait bel et bien d’une décision mûrie de longue date, un complot longtemps ourdi. L’aveu est de taille.
Et comme s’il pensait que le tribunal n’avait pas bien compris où il voulait en venir, il a conclu sa plaidoirie d’une phrase cinglante : « Mr Le Pen est devenu un détail du Front National. » Georges Sauveur aurait voulu voler au secours de Jean-Marie Le Pen qu’il ne s’y serait pas pris autrement.
Le jugement a été mis en délibéré jusqu’au 17 novembre.
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