VIDEO – Présidentielle américaine: quand "populisme" n'était pas un gros mots

« Capitalistes arrogants », « ploutocrates », « gouvernement de la finance »… Les expressions chères à Trump comme à Le Pen étaient déjà utilisées au XIXe siècle aux Etats-Unis. Mais à l’époque, c’était pour fusionner les luttes des paysans et des ouvriers contre le capitalisme. C’est l’objet des pages Histoire de Marianne cette semaine, dont voici un premier aperçu en vidéo !

Populisme»… Le mot sent mauvais ! Forcément «rance», «nauséabond», pour ne pas dire «putride», il plonge dans les bas-fonds de la politique, le tout-à-l’égout de la démocratie. Il s’apparente aussi à un aveu d’impuissance quand les élites «progressistes», à bout d’expédients, invoquent l’irrésistible «peste populiste» pour se dédouaner et abandonner à ses bas instincts leur électorat déboussolé. C’est dire qu’il est temps de réhabiliter ce vocable maudit né aux Etats-Unis, à la fin du XIXe siècle, pour fédérer le soulèvement des miséreux de tout poil, «sortir les sortants», démocrates ou républicains, et renouer de vive force avec les promesses trahies de la Révolution américaine, déjà confisquées par les oligarques. Comparse d’Andrew Carnegie, le roi de l’acier et du rail, Henry Frick, le bien nommé, proclame alors, sans ambages, qu’il est assez riche pour acheter la moitié des ouvriers du Nouveau Monde «et leur ordonner de massacrer l’autre moitié» !

La riposte populiste part du Texas. Née dans une grange et plébiscitée d’entrée de jeu par les rednecks texans, la Farmers Alliance se propose, dans ses statuts, «d’imposer une législation contre les abus honteux des capitalistes arrogants» ! Nous sommes en 1877 et l’Amérique commence à se sentir à l’étroit. Entre 1860 et 1900, sa population passe de 31 millions à 75 millions d’habitants. La Côte ouest est atteinte, les terres vierges sont conquises, l’horizon s’est rétréci, «et le moindre demi-hectare de terre cultivable appartient désormais aux spéculateurs, aux compagnies ferroviaires ou aux intérêts privés», se désole Hamlin Garland, un ouvrier de Boston parti vers l’Ouest pour faire fortune. La rapacité des compagnies ferroviaires cristallise la colère des fermiers, contraints d’hypothéquer leurs lopins pour acheter semailles et engrais après l’effondrement des cours du coton et des céréales. Passée dans la légende, cette «bataille du rail» entre l’Union Pacific et la Central Pacific, sur fond d’insurrection rurale, assurera, comme aujourd’hui, la fortune de nombreux élus du Congrès, prompts à débarrasser les rois du rail de toute entrave légale.

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