Secours populaire à Hayange, centre social, maison du "vivre ensemble"… le délit d'association selon le FN

Le monde associatif n’a pas la cote chez les élus frontistes. Coupes dans le financement ou éviction des locaux sont des pratiques courantes dans les villes tenues par le Front National depuis 2014. Vendredi matin, le maire d’Hayange (Moselle) a décrété le délogement du Secours Populaire, jugé « pro-migrants » de la salle que l’association occupe dans la ville. Une longue liste précède cette décision…

 Septembre 2016 : à Hayange (Moselle), Fabien Engelmann (FN) éjecte l’antenne locale du Secours populaire d’une salle de la ville. Motif ? Politique 

Dernière d’une série qui s’allonge, qui s’allonge, la mairie de Hayange (Moselle) a annoncé l’expulsion du Secours populaire d’une salle de la ville et ce, avec l’appui d’un huissier et de la police municipale. Le maire a publié un communiqué dans lequel il s’étend sur les raisons de sa décision. S’il réfute l’idée d’une attaque contre le Secours populaire Français, il accuse l’antenne locale d’être devenue « une succursale du Parti Communiste« . Fabien Engelmann justifie sa formule en évoquant la politique « pro-migrants » que mènerait le Secours populaire dans la ville. 

Il conclut ses explications par cette phrase « Puisque les dirigeants de cette antenne ont la fibre communiste, nous leur conseillons de faire une demande auprès des maires de la vallée qui se réclament encore de cette idéologie pour l’attribution d’un local« . Julien Lauprêtre, le président du Secours populaire a réagi ce vendredi matin sur RMC : « Nous n’avons aucun fil à la patte, aucune préférence. Nous ne faisons que de la solidarité. Le maire de Hayange a l’inhumanité au coeur. » 

#Hayange : le #FN lève le voile et s’en prend aux plus faibles. Facile : suffit de dire que le Secours Populaire fait de la “politique“…

— Nawak Illustrations (@NawakNawak) 30 septembre 2016

 

► Mars 2015 : à Mantes-la-Ville (Yvelines), le maire Cyril Nauth (FN) retire son local à la Ligue des droits de l’Homme. Motif ? Politique 

La Ligue des droits de l’Homme n’est pas du goût de Cyril Nauth, élu en 2014 à la tête de Mantes-la-Ville et, seul maire FN d’Ile-de-France. En mars 2015, la convention qui liait l’association et la ville depuis plus de vingt ans est arrivée à son terme. Le maire a choisi de ne pas la renouveller arguant qu’il ne s’agissait pas d’une « expulsion en tant que telle« . Enfin, c’est tout de même l’idée. La Ligue des droits de l’Homme s’est retrouvée fort dépourvue puisque cette convention incluait le prêt d’un local. Le maire a défendu sa décision, « la LDH ne défend pas l’intérêt général« . Qu’est-ce à dire ? 

« L’antenne de Mantes est très politisée, s’en prend régulièrement au FN et, surtout, défend les droits des étrangers clandestins : on ne peut pas les aider« , expliquait alors Cyril Nauth. 

 

► Février 2015 : à Beaucaire (Gard), le maire Julien Sanchez (FN) ôte subventions et local à la maison du vivre-ensemble. Motif ? Politique 

La Maison du vivre-ensemble était « dans le collimateur » du candidat FN avant même son élection, déplorait Laure Cordelet, fondatrice du Rassemblement citoyen, un collectif né en réaction à la prise de la ville par le parti lepéniste à la faveur des municipales de 2014. « Justement, ils le savaient !« , se défend presque Julien Sanchez qui ne nie même pas que la fermeture du centre est lié à un motif politique. Qu’est-ce qui clochait dans ce centre qui assurait le soutien scolaire d’une centaine d’enfants dans un quartier défavorisé ? Aux yeux de Julien Sanchez, la Maison du vivre-ensemble était « une officine de l’extrême-gauche« , ajoutant : « Je ne suis pas maso, donner une subvention à des gens qui font des déclarations politiques contre nous (…) ça me pose problème« . 

Pis, la CAF et le conseil général du Gard assuraient un soutien de 131.000 euros à la condition que le maire participe aussi. L’ancienne subvention accordée par l’ancienne mairie était de 53.000 euros. Après la défection de la mairie frontiste, les deux autres organes se sont retirés du projet et la Maison du vivre-ensemble a du plier boutique. Par ailleurs, la mairie n’a en aucun cas songé à une solution alternative. Au Figaro qui lui posait la question, le maire de Beaucaire a répliqué: « Si des personnes ont besoin de soutien parce qu’elles ne parlent pas le français, ce n’est pas mon problème, ce n’est pas à nous de payer.« 

Le FN ferme « la maison du vivre ensemble » à Beaucaire
Franchement, avec un nom pareil, c’est de la provocation pour eux.#RepliIdentitaire

— Lizerunn (@Lizerunn) 1 février 2015

 

► Septembre 2014 : à Fréjus (Var), le maire David Rachline (FN) rompt la convention qui liait la ville au centre social de Villeneuve. Motif ? Politique 

Candidat à la mairie de Fréjus (Var) en 2014, David Rachline avait fustigé « certaines associations qui dirigent leurs activités quasi-essentiellement vers des quartiers dits difficiles » et non vers « l’intégralité » de la ville. Sitôt les portes de la mairie franchies, le tout nouveau maire (et actuel porte-parole de la campagne de Marine le Pen) avait pris des mesures de rétorsion contre le centre social de Villeneuve en baissant les subventions de 53% avant de le fermer purement et simplement en septembre 2014.

David Rachline n’a pas pris la peine de camoufler le motif politique de l’affaire. Le maire reprochait à la directrice du centre ses propos dans la presse. En août 2014, dans les colonnes du Monde, Sandrine Montagard s’était émue du nouveau climat depuis l’arrivée de l’équipe FN à la mairie. La directrice du centre sociale évoquait des courriers déposés dans les boites aux lettres du quartier et invitant à prendre les armes contre « l’idéologie qui s’appelle le maghrébisme« . Le 3 septembre, David Rachline a posté une missive à la directrice expliquant que le centre social n’avait pas vocation à être « un centre socialiste« .

A Fréjus, «le maire a fait une croix sur le centre social» — via @libe.
Pour un « parti » qui se veut proche du peuple! http://t.co/pZ65W4zalg

— Yves Roquet (@yvesroquet) 10 septembre 2014

 

► Avril 2014 : à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), le maire Steeve Briois (FN) retire son local à la Ligue des droits de l’Homme. Motif ? Politique 

En 2014, dans son programme municipal, le candidat à la mairie d’Hénin-Beaumont, Steeve Briois affirmait souhaiter une culture « libre et indépendante ». Une fois élu, le nouveau maire a révisé ses positions en mettant un point final à la mise à disposition par la mairie, d’un local municipal à la Ligue des droits de l’Homme. Là encore, le motif est éminemment politique. Steeve Briois reprochait à l’association ses prises de position durant la campagne municipale et qualifiait notamment la LDH d' »association d’extrême-gauche« . « La Ligue des droits de l’homme est une association politisée. Elle n’a eu de cesse pendant la campagne électorale de dire tout le mal qu’elle pensait de nous. Alors on coupe les liens. Point final. »

L’association bénéficiait d’une subvention de 300 euros par an et d’un local à titre gracieux depuis une dizaine d’années. Alain Pruvot, président de la section locale de la Ligue des droits de l’Homme ne s’est pas dit « surpris » de la décision.

Cher Camarade Maire Steeve Briois,
Merci pour avoir expulsé très rapidement ces affreux Gauchistes de la LDH. Tu… http://t.co/sqZoQMuEh8

— Bruno Macou (@macoubruno) 8 avril 2014

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