Un complot Sarkozy-Fillon ? Copé-la-mitraille balance comme jamais

Le député-maire de Meaux sort le bazooka sur le rôle de l’ancien chef de l’Etat et de son ex-Premier ministre dans sa chute, alors que tous les trois sont en lice pour la primaire de la droite. La campagne sera longue, très longue…

La droite française, ce monde merveilleux fait de haines cuites et recuites… Les confidences de Jean-François Copé au Monde, ce jeudi 29 septembre, en sont une nouvelle et violente illustration. Pris dans la tourmente de l’affaire Bygmalion, qui l’a poussé à quitter la direction de l’UMP en 2014, le député-maire de Bordeaux s’est déclaré candidat à la primaire de la droite en février dernier. Quelques jours auparavant, il avait bénéficié du statut de témoin assisté dans ce qu’il faut plutôt appeler l’affaire des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy. L’ancien président est, lui, mis en examen et risque un renvoi en correctionnelle. Pour Jean-François Copé, ce renversement des choses est bien le signe de son « innocence totale ». Politiquement, il ne s’est pourtant toujours pas relevé de l’épisode, puisqu’il plafonne à 1,5% dans les sondages sur la primaire. Alors, en attendant des jours meilleurs, Copé sort le bazooka. Et accuse quasiment à haute voix Nicolas Sarkozy et François Fillon, eux aussi candidats, d’avoir ourdi un complot pour se débarrasser de lui.

Fillon et sa « naïveté invraisemblable »

Dans Le Monde, Jean-François Copé se souvient ainsi de ce bureau politique du 27 mai 2014, où la plupart des ténors du parti l’ont poussé vers la sortie. « Un phénomène de meute », rumine-t-il. « Ce jour-là, le décor était dressé. J’ai compris qu’il y avait un alignement d’intérêts entre des écuries différentes. J’apparaissais pour chacun d’eux comme le coupable idéal, l’alibi parfait. » Il raconte les prises de parole de Nathalie Kosciusko-Morizet – « elle a besoin d’exorciser sa défaite à Paris » -, d’Alain Juppé – « il ne voit pas que si je pars, c’est Sarkozy qui arrive ». Mais sa plus violente charge est réservée à François Fillon :

« Fillon passe après, la main sur le cœur : “Mon éthique, mon sens de la responsabilité, tu dois partir…” Dix jours après, il va bouffer avec Jouyet pour “finir” Sarkozy. Assez bête pour penser que Jouyet a la moindre prise sur le parquet. Il est d’une naïveté invraisemblable ! »

Jean-François Copé fait référence au déjeuner lors duquel François Fillon aurait demandé à Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de l’Elysée, de « taper vite » sur Nicolas Sarkozy sur le plan judiciaire. Un Sarkozy pas épargné non plus par l’ex-patron de l’UMP. Copé affirme qu’en mai 2014, le responsable opérationnel de Bygmalion, Franck Attal, lui a dévoilé la fraude des dépenses de campagne, et que lui-même est ensuite allé s’en ouvrir à Sarkozy : « J’explique ce que je sais et, et là j’ai un mur de silence. J’ai compris rétrospectivement pourquoi. »

Dans l’esprit des copéistes, Nicolas Sarkozy et François Fillon se seraient donc ligués pour faire chuter leur champion. C’est Jérôme Lavrilleux, un proche de Jean-François Copé mis en examen dans le dossier Bygmalion, qui l’expose clairement : « Sarkozy, tout le monde sait en 2014 qu’il a envie de revenir. Fillon est dans la détestation de Copé. Il y a un intérêt commun aux deux. »

Sarkozy, « il voudrait que vous l’élisiez pour ne pas aller au tribunal ! »

Alors que Nicolas Sarkozy a lourdement chargé Jean-François Copé lorsqu’il était entendu par les juges dans l’enquête Bygmalion, le député rétorque à son ennemi : « Sa mise en examen n’est pas que technique, elle porte sur une vingtaine de millions d’euros, qui en réalité sont un détournement ! C’est une fuite éperdue en avant. » Et d’accuser directement l’ancien chef de l’Etat de vouloir revenir à l’Elysée pour échapper à la justice :

« Le parti est à lui, il peut tout contrôler. S’il gagne, Le Pen attend tranquillement. Vous, quand vous dépassez de 15 km/h la limitation de vitesse, vous êtes renvoyé devant le tribunal. Lui, il voudrait que vous l’élisiez pour ne pas aller au tribunal ! »

Et dire que les débats télévisés pour la primaire de la droite n’ont pas encore commencé…

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