Trois agresseurs condamnés pour le vol "raciste" d'une famille d'origine chinoise

Alors que la communauté d’origine asiatique d’Ile-de-France multiplie ces derniers temps les manifestations pour dénoncer le racisme ordinaire auquel elle est confrontée, un jugement du tribunal correctionnel de Bobigny lui a rendu justice ce mercredi 28 septembre, en retenant le caractère « raciste » d’un vol commis avec violence.

C’est un jugement hautement symbolique. Ce mardi 27 septembre, trois hommes âgés de 22 à 23 ans étaient jugés devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour des vols avec violence commis sur deux familles chinoises en Seine-Saint-Denis. Si les prévenus ont été relaxés s’agissant de la première agression, ils ont été condamnés pour la seconde à des peines allant de un an à 18 mois de prison ferme. Le tribunal a retenu comme circonstance aggravante la dimension « raciste » de l’agression, fait inédit dans une affaire de ce type selon Le Parisien.

Les faits remontent au soir du 26 mars dernier. Alors qu’ils quittent le restaurant belge où ils viennent de dîner à Drancy, les sept membres d’une famille d’origine chinoise sont violemment pris à partie. Trois jeunes hommes sortent d’un véhicule, agrippent les adultes avant de les cogner sous les yeux stupéfaits des quatre enfants. Finalement, ils déguerpissent en arrachant un sac. Les agresseurs seront identifiés quelques semaines plus tard par la police, grâce à la vidéo-surveillance.

La communauté asiatique se sent menacée

Ce jugement tombe dans un contexte des plus tendus. Le 12 août dernier, un père de famille chinois, Chaolin Zhang, est mort à Aubervilliers à la suite d’une agression qui l’avait plongé dans le coma. Là encore, plusieurs assaillants avaient surgi, molestant Chaolin Zhang avant de lui dérober sa sacoche. Au cours de la rixe, la tête du père de famille avait heurté fatalement le trottoir…

Cette attaque avait soulevé un immense élan d’indignation au sein de la communauté asiatique. Cette dernière s’était alors rassemblée à trois reprises à Aubervilliers pour manifester sa colère. Le 4 septembre dernier, ils étaient 15.000 à s’être réunis sur la place de la République à Paris pour dénoncer le racisme anti-asiatique dont ils s’estiment victimes. Me François Ormillien, avocat des victimes, insistait alors sur le sentiment d’abandon qui anime les personnes d’origine asiatique en France : « Les condamnations prononcées ne leur semblent jamais assez sévères. Un ou deux ans de prison pour de telles agressions, ils considèrent que ce n’est rien du tout. Notamment en comparaison avec la Chine, où ce type de délits est sanctionné par huit à quinze ans de détention. »

Durant l’audience de mardi soir, le procureur a d’ailleurs tenu à préciser qu’entre janvier et août 2016, plus de mille personnes d’origine asiatique ont signalé avoir été victimes d’infractions. Un état de fait que les agresseurs ont même tenté de tourner à leur avantage. « On n’est pas les seuls à voler les Asiatiques, a affirmé l’en d’entre eux. Si vous allez à Aubervilliers, vous verrez qua ça arrive tous les jours. » Un mode de défense qui en dit long sur la normalisation effective des violences ciblant la communauté asiatique…

Powered by WPeMatico

This Post Has 0 Comments

Leave A Reply