Le député de la Drôme, qui a échoué à se présenter à la primaire de la droite, soutient désormais le maire de Bordeaux. Un choix guidé uniquement par les « convictions » ? On n’est pas obligé de le croire…
« Je fais un choix aujourd’hui, c’est celui de soutenir Alain Juppé. » Une semaine après avoir vu sa candidature à la primaire de la droite recalée pour cause de parrainages non valides, Hervé Mariton a officialisé son soutien au maire de Bordeaux, mercredi 28 septembre sur France Inter.
Ce ralliement s’est joué en une semaine chrono. Le 21 septembre, le député de la Drôme reste réellement sonné après le refus de la Haute Autorité d’avaliser sa participation à la primaire. « Ça a vraiment été un choc », témoigne l’un de ses collaborateurs. L’élu indique alors qu’il se prononcera « dans les jours qui viennent » sur son soutien à un autre candidat. Il rencontre Alain Juppé à Bordeaux samedi dernier, avant de voir François Fillon lundi et Nicolas Sarkozy mardi.
Son choix final a de quoi surprendre. Grand pourfendeur du mariage pour tous en 2013, Hervé Mariton est idéologiquement plus proche de la ligne libérale-conservatrice défendue par François Fillon que celle d’Alain Juppé, plus progressiste sur les questions de société. Non seulement l’ancien Premier ministre ne compte pas « réécrire » la loi Taubira – contrairement à Fillon -, mais il est aussi favorable à l’adoption par les couples homosexuels. « Nous avons des convergences, nous avons des différences, nous les assumons, nous les assumerons », se défend Hervé Mariton. Avant de citer deux sujets sur lesquels il affirme être en désaccord avec François Fillon : le creusement du déficit budgétaire pour financer les baisses d’impôts en 2017 et son soutien à Vladimir Poutine sur le dossier syrien.
« Il s’est trouvé un prétexte », ricane-t-on dans le camp de François Fillon, où l’on attribue ce soutien à Juppé à des considérations plus terre-à-terre. « Il est très amer parce qu’il considère que le soutien de Sens commun à François Fillon l’a tué. Il lui en veut beaucoup d’avoir réalisé le coup qu’il voulait faire », assure à Marianne un proche collaborateur de l’ancien Premier ministre. Début septembre, Sens commun, cette émanation de la Manif pour tous qui a fait de l’entrisme chez l’ex-UMP, a apporté son soutien à François Fillon… au grand dam d’Hervé Mariton, qui a fustigé « des logiques d’appareil ». Pour le reste, l’équipe de François Fillon tente tant bien que mal d’afficher sa sérénité, alors que son champion rame toujours dans les sondages, dominés par Alain Juppé. Mariton, « il ne nous enlèvera rien. L’électorat catholique ne votera pas Juppé au premier tour », veut-on croire.
Les partisans du maire de Bordeaux ont, eux, salué les déclarations d’Hervé Mariton à grand renfort de tweets enthousiastes mercredi matin. Pour Alain Juppé, ce nouveau soutien est indéniablement un bon coup. Non seulement il vient renforcer encore son front anti-sarkozyste – Hervé Mariton n’ayant jamais été tendre avec l’ancien chef de l’Etat -, mais il lui permet aussi de rééquilibrer son profil à droite, alors que Nicolas Sarkozy tente à tout prix de le caricaturer en homme de gauche.
Reste à savoir quels gages Alain Juppé a donné à Hervé Mariton dans le secret de leur rendez-vous ce week-end. « Je fais le choix de soutenir celui qui m’a promis le moins », a juré ce dernier sur France Inter. « C’est vrai ! A côté, quand on écoutait Fillon ou Sarko, c’était pure folie », s’exclame l’un de ses proches, sans pour autant dévoiler le contenu des tractations. La petite équipe d’Hervé Mariton devrait désormais intégrer la campagne d’Alain Juppé, selon des modalités qui restent à préciser.
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