Après les affaires Kroes et Barroso, course à la transparence sur les lobbies à Bruxelles

En pleine crise de confiance et à la suite des différentes affaires de conflits d’intérêts qui ont éclaboussé ses responsables, la Commission européenne doit présenter ce mercredi 28 septembre une proposition visant à rendre obligatoire – sous peine de sanctions – l’inscription des milliers de lobbies actifs dans un nouveau registre de transparence. Le dispositif était jusqu’ici facultatif.

Plus de transparence pour encadrer les lobbies à Bruxelles et regagner la confiance des Européens. Après les scandales Barroso et Kroes, ce n’était plus une nécessité mais une urgence. La Commission européenne presse donc le pas : alors qu’elle y travaille depuis plusieurs mois, elle doit présenter ce mercredi 28 septembre une proposition visant à rendre obligatoire – sous peine de sanctions – l’inscription des milliers de lobbies actifs auprès des institutions européennes dans un registre dédié. Instauré pour la première fois en 1996, renforcé en 2011, ledit registre était jusqu’ici facultatif. 

Adresse, nom des responsables de leur « bureau » bruxellois, montants consacrés annuellement à leur cause européenne… autant d’informations que devraient désormais faire figurer tous les lobbies dans la nouvelle base de données, détaille Le Monde, au risque de se voir infliger un avertissement, voire une suspension des droits de visite. Près de 10.000 groupes d’influence sont d’ores et déjà inscrits, dont 5.069 groupements professionnels et syndicats, 2.514 ONG et 1.142 cabinets d’avocats ou de conseil, poursuit le quotidien.

Parmi eux, la banque Goldman Sachs, où est allé tranquillement pantoufler l’ancien président de la Commission (2004-2014), le Portugais José Manuel Barroso, après avoir entretenu des liens suivis avec la banque pendant son mandat. Rien qu’en 2015, la banque américaine d’affaires (deux agents lobbyistes accrédités) a dépensé entre 1 et 1, 3 million d’euros dans ses activités de lobbying au sein de l’Union, selon les chiffres officiels. Bien moins cependant que la multinationale Google, avec ses huit agents autorisés et ses 4 millions d’euros de dépenses. 

UE : les conflits d’intérêts en ligne de mire

Le registre, que le président de la Commission, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, espère faire adopter par les deux autres institutions européennes, le Parlement et le Conseil, suffira-t-il toutefois à lutter contre les conflits d’intérêts ? Sans doute pas. En parallèle, les membres du comité du contrôle budgétaire du Parlement européen ont d’ailleurs appelé ce mardi à un durcissement du code de conduite des commissaires, avec entre autres comme obligations, la déclaration de l’intégralité de leurs actifs dépassant 10.000 euros. 

En toile de fond, les révélations sur l’ex-commissaire à la Concurrence, Neelie Kroes (2004-2009) et sa société offshore, non déclarée, aux Bahamas. Enregistrée en juillet 2000, cette société devait initialement servir à financer une grosse opération financière : le rachat pour 6 milliards de dollars d’actifs de la branche internationale énergie de la société américaine Enron. Problème : à l’époque Neelie Kroes, du fait de ses fonctions, travaillait justement à Bruxelles à la libéralisation du marché de l’énergie…

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