Primaire à droite : un électeur sur dix pourrait être… de gauche !

Selon un sondage à l’échantillon très large publié ce lundi, 10% des personnes qui se disent certaines d’aller voter à la primaire de novembre sont des sympathisants de gauche. La grande majorité d’entre eux apporteraient leur voix à Alain Juppé. Mais ce scénario est-il vraiment crédible ?

Nicolas Sarkozy regagne du terrain. Dans la sixième livraison de l’enquête électorale menée depuis le début de l’année par Ispsos-Sopra Steria pour le Cevipof et Le Monde, l’ancien chef de l’Etat est désormais crédité de 33% des intentions de vote au premier tour de la primaire de la droite, qui aura lieu en novembre. Il grignote ainsi trois points par rapport à la précédente vague, en juin, alors qu’Alain Juppé en perd un, à 37%. Précisons que l’étude a été effectuée après le dépôt des candidatures auprès de la Haute Autorité de la primaire, début septembre. Mais un autre enseignement se glisse dans les résultats de ce sondage au panel très large (18.659 personnes interrogées). Parmi les 6% de Français qui se disent tout à fait certains d’aller voter à cette primaire de la droite et du centre, 10% se disent proches d’un parti… de gauche ! Une proportion en légère augmentation, puisque c’est un point de plus qu’en juin.

Si ce relatif afflux d’électeurs de gauche au scrutin de novembre se confirmait, il profiterait essentiellement à Alain Juppé : 66% de ces « infiltrés » voteraient en effet pour le maire de Bordeaux. 9% glisseraient un bulletin pour Bruno Le Maire, 7% pour François Fillon… et seulement 3% pour Nicolas Sarkozy. Pour eux, l’ancien président est clairement l’homme à abattre. C’est ce que confirment les témoignages recueillis par Le Parisien et Libération, qui ont enquêté sur ces électeurs de gauche prêts à payer 2 euros par tour et à signer une charte proclamant leur adhésion aux « valeurs républicaines de la droite et du centre » et leur engagement « pour l’alternance afin de réussir le redressement de la France ». S’ils veulent voter Juppé, c’est donc avant tout pour faire barrage à Sarkozy.

Ils anticipent le second tour

Suffisant pour influencer l’issue du scrutin ? Avant la primaire socialiste de 2011, certains responsables du PS s’étaient inquiétés de ce que des électeurs de droite viennent se mêler du vote. Un phénomène resté finalement très marginal. Mais cinq ans après, la configuration n’est pas la même. Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion et stratégies d’entreprise de l’Ifop, observe lui aussi que le corps électoral potentiel de la primaire est loin de se cantonner aux sympathisants Les Républicains. Et avance cette explication : « En 2012, l’hypothèse d’un duel gauche/droite au second tour de la présidentielle était de loin la plus plausible. Pour 2017, beaucoup de gens intègrent la présence du FN au second tour, probablement en duel avec la droite. » D’où le raisonnement de certains sympathisants de gauche qui, anticipant une élimination de leur camp dès le premier tour, tentent de peser sur le choix du candidat qui affrontera probablement Marine Le Pen. En l’occurrence, Alain Juppé plutôt que Nicolas Sarkozy.

Ce dernier pourrait trouver une consolation en regardant non pas vers les électeurs de gauche… mais ceux d’extrême droite ! Selon l’enquête du Cevipof, parmi les personnes certaines de voter à la primaire, une sur dix est sympathisante du Front national – soit la même proportion que les électeurs de gauche. Parmi eux, 41% voteraient pour Nicolas Sarkozy, contre 21% pour Alain Juppé. Une donnée qui n’a pas échappé à l’ancien chef de l’Etat, qui n’hésite pas à mener campagne à droite toute, sur les thématiques traditionnellement chère à l’électorat de Marine Le Pen. Au risque de ne plus s’en distinguer.

 

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