Dans cette cantine scolaire, c'est un policier qui surveille les enfants

A Aigrefeuille d’Aunis, en Charente-Maritime, la cantine de l’école est moins bruyante grâce à la présence… d’un policier municipal, qui rappelle à l’ordre les bambins trop bruyants à l’aide d’un sifflet. « Totalement scandaleux » pour le Syndicat de défense des policiers municipaux (SDPM) comme pour l’opposition municipale.

Babillages intempestifs, plateaux qui se renversent, couverts qui s’entrechoquent… Les traditionnels bruits de la cantine n’étaient pas du goût du maire de la commune d’Aigrefeuille d’Aunis, Gilles Gay (Divers Droite), en Charente-Maritime. Ce dernier a donc fait appel à un policier municipal en uniforme pour faire baisser le volume sonore provoqué par les enfants. 

Un policier en uniforme armé d’un sifflet pour faire régner l’ordre dans la cantine de l’école primaire. C’est Sud Ouest qui raconte cette décision semant la discorde au sein de la commune de 3 800 habitants, à 20 kilomètres de la Rochelle. Muriel Dupuis, élue d’opposition à Aigrefeuille d’Aunis, raconte à Marianne la « peur » des enfants face à ce représentant de la loi : « En général, quand il y a la police, c’est que l’on a fait mal. Il fait peur aux enfants. Ce ne sont pas des délinquants. Ils bavardent, il n’y a pas d’incivilité. » Alain Dal, délégué du Syndicat de défense des policiers municipaux, juge également l’utilisation de cet officier comme « scandaleuse« .

Avant l’arrivée du policier, les quelque 200 enfants étaient laissés sous la surveillance du personnel de la cantine. « Mais ils sont occupés. Ils ne peuvent pas tout faire« , explique Muriel Dupuis. Et lorsque le policier est en RTT ? Eh bien c’est le cuisinier qui récupère son sifflet ! L’élue considère que le policier serait plus utile ailleurs. « Je me suis rendue sur les lieux et je suis entrée dans l’école et dans la cantine comme dans du beurre. On nous parle de vigipirate mais s’il doit y avoir une présence policière, c’est devant l’école, » renchérit-elle. En l’occurrence, ce même policier est posté devant l’école aux horaires d’entrée et de sortie, le matin et le soir. En dehors de ces heures, personne ne surveille l’établissement. Le midi, tandis que l’agent fait respecter la loi à la cantine, ce sont aux enseignants et aux parents d’assurer la sortie des 5% d’enfants qui déjeunent chez eux. 

 » C’est loin d’être un cas isolé  » 

L’uniforme du policier devant les enfants pose notamment problème aux parents. Le maire a fini par céder sur ce point… et, depuis, le policier est en tee-shirt. Que l’habit fasse ou non le policier n’est pas le problème pour le Syndicat de défense des policiers municipaux. Son délégué Alain Dal est exaspéré, « C’est totalement scandaleux. Il n’a rien à faire là. » Outre la surveillance des alléess et venues dans l’école le matin et le soir, le policier peut gérer la circulation ou faire respecter les limitations de vitesse.

Au-delà du côté anecdotique de l’affaire, Alain Dal alerte sur une situation courante :

« C’est loin d’être un cas isolé. Il y a des dérives. Il y a des petites communes où, par manque de moyen, le policier municipal sert les petits fours en uniforme après une cérémonie. Certains maires pensent que c’est un fonctionnaire qui peut faire tout et n’importe quoi« . 

Un communiqué de presse du syndicat en réaction à l’histoire de la cantine d’Aigrefeuille devrait être publié prochainement. Pour rappeler que « le rôle du policier municipal c’est de défendre les citoyens sur la voie publique. Pas de faire régner le calme dans une cantine, surtout pas avec des enfants. » 

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