Mails, visites secrètes… Quand le commissaire Barroso fricotait déjà avec Goldman Sachs

La nomination cet été de José Manuel Barroso chez Goldman Sachs pourrait encore faire couler beaucoup d’encre. Le quotidien portugais « Publico » révèle ainsi que les liens entre la banque américaine d’affaires et l’ancien président de la Commission européenne sont en réalité bien plus anciens…

Depuis l’annonce de sa nomination chez Goldman Sachs, début juillet, les critiques pleuvent. Président de la Commission européenne entre 2004 et 2014, le Portugais José Manuel Barroso a en effet rejoint avec fracas cet été les équipes de la banque américaine d’affaires, connue notamment pour ses responsabilités dans la crise financière de 2008 ou dans la crise grecque. Mais jusqu’à preuve du contraire, s’était défendu son successeur Jean-Claude Juncker, un brin embarrassé, la démarche n’avait rien d’illégal, Barroso ayant respecté le délais réglementaire – 18 mois – avant de rejoindre le privé. 

Sauf que… les liens entre la banque et Barroso semblent être bien plus anciens, comme l’a révélé ce samedi 24 septembre le quotidien portugais Publico, qui explique à travers les extraits d’une dizaine de documents (emails, lettres, messages etc.) comment les dirigeants de Goldman Sachs ont fait parvenir « de manière confidentielle » au cabinet de Barroso, au cours de son mandat, « des propositions sur des changements à apporter aux politiques de l’Union européenne. » 

Ainsi le patron de la banque, Lloyd Blankfein, se félicite-t-il dans une lettre adressée à Barroso en septembre 2013 de l’action de ce dernier, qu’il couvre de louanges. « Vous avez, écrit-il, mis en place d’importantes réformes qui vont permettre de renforcer l’Union monétaire, de restaurer la confiance… » Or, en ce mois de septembre 2013, Barroso s’est discrètement rendu au siège de la banque à New York, pour une « session extrêmement enrichissante (…) sur les perspectives économiques mondiales »  qui ne figurait ni à son agenda officiel, ni dans les archives de la Commission.

Barroso, « toujours prêt à apporter son aide » à la Goldman Sachs

Pis, une directrice exécutive de la banque, Lisa Rabbe, se disait « enchantée dès 2005 », soit peu après la prise de fonction de Barroso, du nouveau « président », toujours prêt selon elle « à apporter son aide ». L’aide en question, poursuit Publico, pouvait se traduire de différentes manières. Soit, d’abord, en agissant directement sur les débats : Goldman Sachs a par exemple activement participé aux travaux de réduction des barrières liées aux opérations financières M&A [fusions et acquisitions des entreprises] en diffusant de nombreuses « données » et « idées ». 

Ou encore indirectement, en plaçant ses pions : en juin 2008, la même Lisa Rabbe n’hésite effectivement pas à se présenter, dans un mail envoyé à deux membres du cabinet de Barroso comme une « ancienne collègue » d’un certain Antonio Borges, ex-directeur de Goldman Sachs nommé en 2006 conseiller… de Barroso à la Commission. Dans cet email, il est notamment question d’une rencontre afin d’évoquer « les restrictions dans le libre échange des capitaux… »

Un lobbying intense au sein de l’Union qui a coûté en 2015 à Goldman Sachs, d’après les chiffres officiels, près de 1,3 million d’euros. Et qui pourrait peut-être valoir à José Manuel Barroso une enquête un peu plus poussée que l’avis, non contraignant, du Comité d’éthique européen saisi, le 12 septembre dernier, par Jean-Claude Jucker, sous la pression de l’opinion et de responsables européens…

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