Les réfugiés sont devenus du bétail électoral

C’est bien la faillite commune des Européens et des Américains qui est à l’origine de la catastrophe migratoire qui fait sentir ses terribles effets, sociaux et électoraux, sur toute l’Europe.

Cinq ans «ça suffit !». Le cri du cœur émane de François Hollande. Il ne porte pas sur son propre destin. Envers et contre tout, le président ambitionne toujours de se représenter pour décrocher un improbable second mandat. En lui remettant le Prix d’homme d’Etat mondial de l’année, il est même à craindre qu’une facétieuse ONG américaine, qui avait déjà eu l’extravagance de couronner de la sorte Nicolas Sarkozy il y a huit ans, l’ait un peu plus incité à persévérer.

Non, le quinquennat devenu insupportable aux yeux du chef de l’Etat, ce n’est pas le sien, mais celui que subit le peuple syrien. Cinq ans, et même un peu plus, de guerre, d’horreur, de massacres, plus de 300 000 morts et au moins 5 millions de réfugiés, «ça suffit», en effet. Dans son discours-testament prononcé à l’ONU, ce président porteur de chrysanthèmes passé maître dans l’art de commémorer les tragédies a couvert de «honte» une communauté internationale coupable de passivité. Le problème de François Hollande, c’est qu’à alerter, gesticuler et gémir ainsi dans le désert sans convaincre ses pairs, c’est son propre isolement, et celui de la diplomatie française, qu’il souligne un peu plus. L’indignation ne fait pas une politique.

Plutôt que de faire porter la responsabilité de ce naufrage collectif sur le seul grand méchant russe, le président aurait dû se souvenir du mot de Bismarck : «La diplomatie sans les armes, c’est la musique sans les instruments.» Poutine joue fort, c’est vrai, et pas toujours juste. Mais au moins recueille-t-il, lui, un écho grandissant. Car c’est bien la faillite commune des Européens et des Américains qui est à l’origine de cette catastrophe migratoire qui fait sentir ses terribles effets, sociaux et électoraux, sur toute l’Europe, de Budapest à Calais et de Berlin à Lesbos. (…)

Ici, Nicolas Sarkozy ne s’en embarrasse plus depuis longtemps. Il s’est donc rué à Calais pour arracher la pole position d’une droite radicalisée. 

(…)


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