« Le Monde », en partenariat avec le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), a eu accès à de nouveaux documents sur des sociétés offshores enregistrées aux Bahamas. Parmi les fichiers, on retrouve le nom de Neelie Kroes, ex-commissaire européenne à la concurrence de 2004 à 2009 dans la Commission Barroso…
Après les « Panama papers », les « Bahamas Leaks ». Le Monde, en partenariat avec le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), publie ce jeudi 22 septembre une nouvelle série de documents qui lève le voile sur les pratiques fiscales qui ont cours en Europe. Les journalistes ont mis la main sur 1,3 million de fichiers portant sur 175.888 sociétés offshores enregistrées aux Bahamas. Une sorte de « registre du commerce » bahamien, explique le journal.
Et parmi cette centaine de milliers de structures offshores ouvertes depuis 1990 dans ce paradis fiscal bien connu, les journalistes ont retrouvé le nom de Neelie Kroes, ex-commissaire européenne à la concurrence de 2004 à 2009 dans la Commission Barroso. Les documents révèlent ainsi que Kroes a été directrice entre 2000 et 2009 de la société Mint Holdings Limited, enregistrée aux Bahamas.
D’après le quotidien français, la commissaire européenne n’aurait tout simplement pas cru bon de renseigner les autorités bruxelloises sur cette situation ! Une obligation pourtant, dans les déclarations d’intérêts à remplir lorsque l’on devient commissaire. D’autant que cette double-casquette sent très fort le conflit d’intérêts, justement…
Ainsi, cette société offshore aurait été montée pour servir à une grosse opération financière, un rachat de 6 milliards de dollars d’actifs à la branche internationale énergie d’Enron, indiquent les journalistes. A la manoeuvre, des proches de la famille royale des Emirats arabes unis ainsi que des affairistes saoudiens. L’opération tombera finalement à l’eau.
Problème, Neelie Kroes travaillait à cette époque, dans le cadre de ses fonctions de commissaire européenne, à la libéralisation du marché de l’énergie… Contactée par Le Monde, l’intéressée a affirmé qu’elle n’était que simple « directrice non exécutive » et soutenu que cette société n’avait « jamais été opérationnelle ». Tout juste admet-elle un oubli lors de sa prise de fonction à Bruxelles.
Pourtant, ce n’est qu’en 2009, lorsqu’elle devient commissaire à la société numérique, que Neelie Kroes démissione de ses fonctions d’administratice de Mint Holdings… Du côté de la Commission européenne, à la suite de ces révélations, un porte-parole a fait savoir qu’ils « allaient examiner les faits avant de faire un commentaire ».
Mais après le récent pantouflage de José Manuel Barroso, qui après 10 années passées à la tête de la Commission européenne s’en est allé chez Goldman Sachs pour un travail de lobbyiste en Europe, il faudra bien que tôt ou tard, Bruxelles sorte du bois. Au risque, sinon, de creuser un peu plus la fracture toujours plus grande entre les Européens et leurs institutions.
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