Fusion Bayer-Monsanto : et si le cinéma de science-fiction avait tout prévu ?

De la Soylent Company de « Soleil Vert » jusqu’à Brawndo dans « Idiocracy », les consortiums géants tirés de la science-fiction ont beaucoup à nous dire… sur la toute nouvelle fusion entre Bayer et Monsanto !

L’union annoncée des deux géants Bayer et Monsanto, leaders mondiaux des pesticides et des semences, pourrait permettre à ce nouveau mastodonte de prendre le contrôle sur la chaîne agricole et ce, jusqu’à nos assiettes. Les grands consortiums, voilà justement une obsession du cinéma d’anticipation, souvent doué pour offrir une vision pertinente – et déprimante – de notre avenir. Si, sur le papier, ces compagnies imaginaires se targuent d’être des championnes du progrès et d’œuvrer pour le bien de l’humanité, elle développent en réalité une toute-puissance fascisante capable de nous mener droit à l’extinction.

Voici donc ce que nous dit la science-fiction sur les fusions géantes… et leur potentielle traduction dans la « vraie » vie.

 

« Soylent Company » dans Soleil Vert, de Richard Fleischer

En 2022, New York est peuplé par plus de 40 millions d’habitants. La faune et la flore sont quasiment éteintes. Seuls les nantis ont encore les moyens de se payer une nourriture issue de l’agriculture. Les manants, eux, se sustentent en mangeant le nouveau produit de la Soylent Company : le Soleil Vert (Soylent Green dans la version originale). Il s’agit d’un aliment de synthèse, présenté sous la forme d’une tablette nettement moins engageante qu’un carré de Milka. Officiellement, le Soleil Vert est fabriqué à base de planctons. Mais vu que les océans sont tout aussi exsangues que les champs de blé, il se pourrait bien que les consommateurs soient pris pour des lapins de six semaines. Thorn, un flic zélé qui se met à douter du système, va mener l’enquête et découvrir que le Soleil Vert est en réalité fabriqué à partir de corps d’humains euthanasiés. Difficile à digérer.

Slogan : « Soylent Green is people! »
Ça nous fait penser à : Une fusion entre KFC et les laboratoires Servier.

 

 

« Weyland-Yutani » dans Alien, de Ridley Scott

En 2122, la Weyland-Yutani est née de la fusion de deux énormes compagnies, l’une américaine, l’autre japonaise. Grâce à ses vaisseaux spatiaux, elle envoie des prolétaires aux confins de l’univers pour récupérer du minerai extrait sur des planètes colonisées par ses soins. Un jour, l’équipage du remorqueur interstellaire Nostromo embarque par inadvertance une créature extra-terrestre prédatrice qui extermine ses membres les uns après les autres. Plutôt que de venir en aide à ses employés, la Weyland-Yutani se fait une priorité de rapatrier sur Terre l’Alien, en lequel elle voit une créature qui pourrait servir d’arme biologique, laissant ses salariés se faire déchiqueter dans l’indifférence la plus complète. Surtout que dans l’espace, personne ne les entend crier, ce qui est bien pratique. On retrouve cette société altruiste dans les suites de la saga Alien, le cross-over Alien Vs Predator ainsi que dans Prometheus.

Slogan : « Building Better Worlds »
Ça nous fait penser à : Une fusion entre Total et Arianespace.

 

 

« OCP » dans RoboCop, de Paul Verhoeven

Dans un futur proche, la ville de Détroit est la plus dangereuse des Etats-Unis (c’est probablement déjà le cas). La sécurité de la cité est alors confiée à une société privée, le conglomérat militaro-industriel OCP (Omni Consumer Products) qui conçoit des machines humanoïdes censées intégrer les rangs de la police et nettoyer les rues de sa vermine. C’est ainsi qu’est créé RoboCop, un cyborg équipé d’un cerveau humain ; celui de Murphy, pauvre flicaillon massacré par la racaille avant que l’on ne récupère ses restes pour les équiper d’une armure cybernétique. Désormais invincible, Murphy fait donc le sale boulot pour l’OCP en cassant du vandale, sans savoir qu’il permet aussi à l’entreprise d’assainir le vieux Détroit afin de construire sur ses ruines Delta City, un projet immobilier gigantesque mené par… l’OCP. Conflit d’intérêt ? Dans le futur, ce ne sera plus un gros mot.

Slogan : « We’ve got the future under control »
Ça nous fait penser à : Une fusion entre Bouygues Construction et le Groupe Dassault.

 

 

« RDA » dans Avatar, de James Cameron

En 2154, La RDA – pour Resources Development Administration – n’est autre que la société qui envoie à l’autre bout de l’univers des soldats coloniser d’autre planètes pour en pomper les ressources. Quitte à massacrer les autochtones. C’est ainsi que Pandora devient le théâtre de violents affrontements entre les colons humains et les Na’vis ; de gentils primates vivant en parfaite harmonie avec la nature (avec laquelle ils se connectent grâce à une clé USB cachée dans leurs dreadlocks). L’allégorie avec les Indiens d’Amérique n’aura échappé à personne. Sur Pandora, on ne trouve pas de pétrole mais de l’unobtanium, minerai pouvant résoudre tous les problèmes énergétiques de la planète Terre. Problème : le gisement se trouve juste en dessous de l’arbre géant qui abrite une tribu Na’vis. D’abord polie, la RDA propose de « déplacer » la population. Face au refus, elle provoque un bain de sang et détruit un arbre sans doute plus vieux que le big bang. Même à des années-lumière de chez nous, profit ne rime pas avec écologie.

Slogan : « Leading the sustainable development of Alpha Centauri »
Ça nous fait penser à : Une fusion entre Exxon Mobil et Blackwater Security

 

 

« Cyberdyne Systems » dans Terminator, de James Cameron

De toutes les entreprises citées dans cet article, Cyberdyne System est sans aucun doute la plus imprévoyante. Spécialisée dans l’intelligence artificielle, elle lance à la fin du siècle dernier le programme Skynet, un réseau de superordinateurs capables de prendre le contrôle, à la place des humains, de véhicules, d’armes, de satellites et même de missiles nucléaires… Mais Skynet est si bien conçu qu’il va devenir autonome et s’affranchir de la tutelle humaine. Quand ses concepteurs s’en aperçoivent, ils tentent de débrancher le système. Les machines répondent à cet acte d’agression en provoquant une guerre nucléaire qui anéantit pratiquement notre espèce. Clap, clap, clap ! Bravo les mecs de Cyberdyne, prix Nobel de l’inconséquence scientifique. Afin de réparer la bévue, il faudra un bon paquet de voyages dans le temps pour tenter d’inverser le cours de l’histoire. Une histoire qui, après cinq films, n’est toujours pas résolue… Clap, clap, clap ! Bravo les scénaristes.

Slogan : « A new, brighter future is on the way »
Ça nous fait penser à : Une fusion entre Google et Northrop Grumman Corporation

 

 

« Brawndo » dans Idiocracy, de Mike Judge

En matière d’entreprise fictionnelle, la palme de la débilité revient haut la main à Brawndo, une marque de boisson énergisante de type Gatorade, étanchant la soif des milliards d’idiots qui peuplent la planète au XXVIe siècle. Le président des Etats-Unis est un ex-catcheur et ses administrés sont abrutis par la télévision et le jeu, s’expriment avec douze mots de vocabulaires et souffrent de carences alimentaires. En effet, plus rien ne pousse dans les champs. Et pour cause : ils sont arrosés avec du Brawndo, qui a par ailleurs remplacé l’intégralité de la chaîne alimentaire chez les humains. Et pas question de boire de la flotte ! La publicité de Branwdo est claire sur ce point : « L’eau, ça sert pour les toilettes ». Il faut dire que cette boisson de champion contient des « électrolytes », même si personne n’est capable de dire de quoi il s’agit. De toute façon, pas moyen d’échapper à Brawndo puisque la société possède la Food and Drug Administration (Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux) et la Federal Communications Commission chargée de réguler les contenus des émissions de radio, télévision et Internet. Du biberon au caveau, tout le monde boit Brawndo !

Slogan : « Branwdo, the thirst mutilator »
Ça nous fait penser à : Une fusion entre Monsanto et The Coca-Cola Company

 

 

Pizza Hut/Taco Bell dans Demolition Man, de Marco Brambilla

Sylvester Stallone joue un flic qui a subit une cryogénisation et se réveille en 2032, dans une société où la violence a été bannie. Sur le papier, c’est formidable. Sauf qu’il réalisera très vite que s’il veut aller au restaurant, il n’a plus le choix qu’entre Pizza Hut et… Pizza Hut (en VO, il s’agit des restaurant tex-mex Taco Bell). En effet, l’inventeur du « cheesy crust » a absorbé toutes les autres franchises et règne désormais sans partage sur notre alimentation. Encore plus pénible : dans les médias, seules les musiques de publicité sont autorisées. Double peine.

Slogan : « Great Pizzas Under One Roof »
Nous fait penser à : McDonald’s, Starbucks, Burger King

 

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